lundi 22 mars 2010

Rien à signaler.

Je réalise qu’il y a bien longtemps que je n’ai pas fait de mise à jour sur le blog. Il ne se passe pas un jour sans que je ne reçoive un ou plusieurs courriels de provenances diverses me demandant de mes nouvelles. Je suis toujours surpris par l’intérêt que l’on me montre et je vous en suis très reconnaissant.

Je suis toujours à Rio Gallegos. Au moment où j’écris ses lignes, cela fait 47 jours. Comment ai-je pus en arriver là? Je me le demande moi-même. De fausses nouvelles en promesses non tenues, en passant par les mauvaises pièces reçues, les soit disant pannes d’ordinateurs des compagnies de courriers et dizaines d’autres écueils, je n’ai pas eu le loisir de partir. Ou peut-être pas le courage. Il est facile de vivre dans l’espoir que ce sera effectivement «demain» que la moto sera prête et au bout d’un moment on se dit qu’on a tellement attendu que cela sera pour bientôt. J’ai donc ainsi perdu près de deux mois de ma vie. Difficile de garder un moral d’acier face à ce serpent de mer. À moins que ce ne soit mon idiosyncrasie qui me cloue dans cette inactivité meublée par l’auto flagellation.

À toute fin pratique j’ai donc décidé que mon voyage s’arrêtait ici. Je n’ai plus le ressort nécessaire pour continuer. Mes enfants me manquent un peu trop et c’est aussi eux que j’ai sacrifié pour ce voyage il est temps que je reprenne ma place auprès d’eux. J’ai bon espoir après toute cette attente de récupérer ma moto. Ça aussi je me demande pourquoi. Son manque de fiabilité durant ce voyage relève presque de la blague. Je m’obstine pourtant, semblant ne pas pouvoir terminer cette histoire qui a déjà trop duré.

Avec un peu de chance (il serait temps que j’en ai!) nous serons, elle et moi, à Montréal dans un avenir très proche.

Il me faudra alors sans tarder trouver du travail. D’ailleurs si vous ou une de vos connaissances avez un emploi à me proposer à Montréal, je suis disponible dès que j’aurais posé le pied au Québec. N’hésiter pas à m’envoyer un courriel toute offre sera considérée.

Merci encore d’avoir suivi mon voyage. Il est terminé mais une fois rentré j’ajouterais un article, suite à quelques demandes pour une évaluation de mes choix en matière d’équipement.

J’ai eu beaucoup de temps pour réfléchir aux événements des 6 derniers mois et à ce que j’ai retenu de ces jours de route.

Il y a un peu plus de vingt ans j’ai débarqué dans une île du pacifique sud. Pendant une paire d’années j’ai eu la chance de voir des paysages incroyables là bas.

Un jour j’étais sur une plage assis face à un lagon comme je n’en avais encore jamais vu. La couleur de l’eau, le blanc immaculé du sable fin, les cocotiers bruissant dans un vent léger, les vagues se brisant non loin sur la barrière de corail. Je me souviens m’être dit que je devais absolument devant tant de beauté et de sérénité graver dans mon esprit cette image de perfection, ces couleurs uniques. Une semaine après cet effort mental, l’image s’estompait déjà. Aujourd’hui j’ai complètement oublié les détails de cet endroit paradisiaque. Mais je me souviens très bien de la sensation que j’ai éprouvé. C’était une bonne leçon. Il est difficile, du moins pour moi, de retenir un souvenir juste visuel. Mais les sensations restent bien plus longtemps et j’essaye d’en absorber le plus possible. Je ne me vois pas oublié de si tôt le goût d’un jus de maracuya au lait par une journée torride en Colombie, le soulagement de trouver refuge dans un camp de mine dans le désert chilien à la tombée de la nuit après qu’Andrea soit tombé en panne d’essence, ou encore la montée dans les Andes péruviennes sous la neige et la grêle.

Mais surtout ce sont les rencontres qui ont imprimées la plus grande marque à ce voyage. Peut-être parce que je ne m’attendais pas à rencontrer une telle richesse humaine. La grandeur de cœur des gens qui m’ont accueillis, aidés ou tout simplement qui ont croisés mon chemin pour un bref moment, m’a définitivement changé. Qui pourrait rester insensible devant la générosité de ces gens admirables? À nos yeux ils sont dépourvus de tout, pauvres comme on a du mal l’imaginer, mais riche de ce qui semblent faire défaut dans nos pays développés. Dommage que l’impression que je vais garder de l’Argentine soit celle laissée par ses mécaniciens moto. J’en suis au troisième et tous se sont avérés fourbes, menteurs, paresseux, voleurs et incompétents. Oui, vraiment dommage!


Après deux semaines à attendre un nouvel amortisseur, Spencer quitte notre hôtel, et m'abandonne à mon triste sort. Nous avions pris l'habitude de nous retrouver pour le souper, histoire de briser la monotonie des journées d'ennui.

Il va falloir me remettre de ces deux mois d’inactivité. J’ai pris encore quelques kilos et je suspecte un dérèglement quelconque de mon système hormonal. En effet j’ai pleuré en regardant «Extreme Makeover. Home editon», si ça c’est pas un problème alors je sais plus rien. Je me trouve le regard un peu éteint, ça doit être les 16 heures de télé par jour.


Mon «bon ami» Gustavo, propriétaire du garage RM motos. Le roi des menteurs et le l'artisan derrière mes deux derniers mois de galère.