lundi 10 mai 2010

Conclusion.

Il y a trois semaines que je suis rentré au Canada.
De mon siège côté hublot dans l'avion de la compagnie Lan qui m'emmenait vers Miami je jetais un dernier regard sur Santiago. Une fois de plus je fus surpris par l'étendue de cette ville tentaculaire, toutes ses lumières dans l'air nocturne mettant en exergue sa situation géographique, coincée entre les montagnes. La lueur électrique orangée qui baignait la ville se répercutait sur les collines alentours et les montrait sobrement ourlées de quelques nuages bas qui s'accrochaient au relief. Plus haut, dans une explosion silencieuse des milliers d'étoiles constellaient le ciel comme un violon constelle de mélancolie une mélopée venue du fond des âges.

Le voyage était bel et bien fini. Je n'avais rien à regretter, bien qu'il ne s'était pas déroulé comme je l'avais imaginé, ou peut-être précisément parce qu'il ne s'était pas déroulé comme je le pensais. Les pannes mécaniques et attentes diverses étaient totalement effacées par les rencontres faites tout au long des routes, par les paysages et les souvenirs stockés dans mon cerveau alangui par le monotone ron-ron des réacteurs du 767.
Il me restait à retrouver la «réalité», qui fidèle à l'idée que l'on s'en fait n'avait guère changée en six mois d'absence. La pénible recherche d'emploi, les impôts qui m'attendaient avec une facture aussi élevée que le coût de 4 mois sur la route.
Mais je noirci le tableau sans doute. Difficile de décrire la joie réciproque de revoir mes enfants à qui je n'avais pas dit que je rentrais au bercail. Les amis que je retrouvais aussi avec plaisir qui m'aident en en faisant le récit à me dire que ce voyage est terminé. Mais je sais que les routes m'attendent, elle est vaste et belle cette planète et je ne peux me passer d'elle et des gens qu'elle abrite, de leur générosité et de leur accueil, ni de savoir que malgré nos différences bien heureusement nous sommes tous pareil.




Au port de San Antonio, Chili, j'ai même dégotté une boite d'origine Yamaha. Prête pour la mise en container et le chargement sur le bateau CSAV Hamburgo.

Si je dois dresser un bilan de mon choix de matériel je dois dire qu'en moyenne j'en fus plutôt satisfait. Je pouvais pas avoit tout faut quand même : j'ai fait cette balade avec la moto la plus problématique que j'ai jamais possédé (c'est bien tourné pour dire que c'est le pire véhicule que j'ai jamais eu avec mon Asuna vert pomme, celle dont la pompe à eau avait lâchée deux jours après l'achat).

Les valises : aucun regret. Je connaissais le principal inconvénient des boites de transport Pelican. Ce ne sont pas des valises de moto, mais des boites de transport, leur ouverture latérale est vraiment pénible. Pour peu que l'on ait besoin de quelque chose, ou lors d'une fouille à un contrôle de police, il faut soit les retirer pour pouvoir les refermer, soit forcer sans égard pour le contenu qui a tendance pour cause de gravité à tomber au dehors. Par contre elles sont parfaitement étanches, et leur résistance aux chocs est bien supérieur à ce que j'ai pu voir des valises spécialisées en aluminium. Le système de fixation Caribou adapté pour les supports Hebco Becker c'est révélé parfait. Fiable, rapide à retirer et remettre, équipé d'un «fusible» qui permet à la valise de s'éjecter en cas de choc sans rien abimer d'autre que le-dit fusible (testé lors de mon crash au Costa Rica).

Probablement mon meilleur investissement : un Throttle Rocker. Plus question de voyager sans.
Ce petit bout de plastique est une des meilleures inventions du XXeme siècle.

Pour la moitié du prix d'un Sahara j'ai acheté trois pneus Shinko. J'ai été surpris par leur longévité et efficacité. Je n'ai pas eu à rouler dans la boue, mais que ce soit sur la gravelle, la terre meuble, l'asphalte ou le sable ils ont été largement à la hauteur de la tâche.
Le huileur de chaîne loobman est très bien tant que l'on reste sur la route. Les pistes l'ont ruiné très rapidement, il s'ensable pour un rien et la tête distributrice est trop fragile. Je l'ai reconstruit au moins 4 fois dans tout le voyage et finalement j'ai abandonné et ai eu recours au graissage classique de la chaîne.Je suis très content de mon casque. Un CKX, le moins cher des «flip up». Au niveau reproches : il est très bruyant et rouler sans bouchon dans les oreilles est pénible, en plus il est très lourd et les forts vents de travers au Pérou et en Patagonie rendaient son poids difficile à porter, douleurs de cou garanties.
Par contre j'ai apprécié la visière pare-soleil intégrée et le fait de pouvoir soulever l'avant du casque. Cela permet de prendre des photos sans l'ôter. Autre bénéfice, je ne l'ai jamais retiré lors d'un contrôle de police. Il suffit de l'ouvrir, alors qu'avec un intégral, pas le choix...


Je voulais des bottes me permettant de marcher un minimum en tout confort et suffisamment rigide pour un peu de hors route. La aussi j'ai acheté une des paires les moins chères, des Joe Rocket. Bien que je trouve l'esthétique peu réussie je n'ai rien d'autre à leur reprocher. Elles sont encore parfaitement étanches. Leur confort pour des marches de distance modéré est suffisant. Après la longue marche à Basaseachic par 40 degrés j'ai compris la leçon, après cela je les rangeais dans mon Pac-Safe quand j'envisageais une randonnée pédestre de moindre importance. Comme on en parle, j'ai longtemps hésité avant d'acheter un Pac-Safe. Finalement j'ai bien fait. Il donne une certaine confiance. Je n'ai jamais hésité à laisser la moto en ville avec mes affaires dessus. Je ne l'aurais pas laissé dehors toute une nuit, mais de jour en pleine rue ou lors de passages de douanes pas de problème et tranquillité d'esprit.
Un seul reproche à ma veste Bering, pas assez de poches! Sinon c'est une bonne marque, solide, chaude, confortable.
La prochaine fois je prendrais une tente beaucoup plus petite, j'en ai apprécié l'espace mais pour le nombre de nuit de camping elle était trop encombrante et pesante. Le poids est l'ennemi numéro un.
Dans le même style, je ne m'encombrerais pas de pneus de rechange dès le départ et j'aurai moins de pièces de rechange (enfin j'ai quand même prouvé ma théorie voulant que l'on a jamais besoin des pièces que l'on transporte avec soit). J'ai envoyé mon réchaud de camping par la poste depuis les États-Unis. Je ne l'ai regretté qu'au Chili et en Argentine, les prix des restaurants sont plus élevés et les occasions de camper et pique-niquer plus fréquentes qu'ailleurs en Amérique Latine.
Pour ce parcours je ne reprendrais pas non plus de bidon d'essence supplémentaire. Il n'a été utile que deux fois en 30000 kilomètres et aux endroits que je savais par avance peu pourvus en stations service. Le mieux est d'acheter un bidon en plastique pour les rares occasions où c'est nécessaire et le donner ensuite à n'importe qui, cela fait toujours plaisir comme cadeau (sans blague!).
Les chaussettes de randonnée moyenne tissées avec du cuivre (???) ont été parfaites (3 paires). Par contre j'avais trop de sous-vêtements grand froid. Une paire de caleçons longs et un haut thermolactil est largement suffisant.
Finalement, les sous vêtements et T-Shirt en tissus «dry-tech» sont vraiment parfaits. Cela permet de faire une lessive rapide le soir et le lendemain matin tout est sec.

Si vous avez des questions sur des sujets que je n'ai pas couverts ici, je me ferais un plaisir de vous répondre par courriel.

Merci encore de m'avoir suivi dans ce périple. En attendant le prochain...