mercredi 18 mai 2011

Hors sujet!


Oui, c'est vrai! Ce message est hors sujet. Rien à voir avec le voyage à moto de Montréal à l'Amérique du Sud. Mais Comme c'est une expérience très intéressante je me suis dit, dans un élan de bonté caractéristique, que je partagerais ce moment avec quelqu'un, oui toi qui me lit en ce moment (oui, je te tutoie, je sais que ce n'est pas un problème, on se connaît bien maintenant!).

Donc, je ne sais pas pourquoi en 2007, je me suis dit que je voulais collectionner quelque chose. Mais quoi? Je voulais que ce soit pas infini comme démarche, mais pas trop facile non plus. Je ne sais vraiment pas comment j'ai jeté mon dévolu sur les 7 merveilles du monde. J'ai, comme ça, décidé que je visiterais les 7 merveilles du monde moderne. Déjà ça prend pas de place sur une étagère, pas besoin de les dépoussiérer non plus et ça fait voyager (ça forme la jeunesse!).
J'avais déjà dans ma «collec» le site de Chichen Itza, Le Colisée de Rome et, bien sûr, Machu Picchu.


Alors quand mon vénéré employeur (heu! au passage c'est sarcastique l'usage fait ici de cet adjectif!) m'envoie en Jordanie, je m'arrange pour avoir 23 heures de libres. Serré, mais faisable, mission visite de Petra, aussi sur la liste des 7 merveilles du monde moderne. Ni une, ni deux je saute dans une voiture de location et direction plein sud depuis Amman.
Vers 22 heures 30 j'arrivais dans le village de Petra qui possède toutes les caractéristiques d'un village où l'attrait principal est un site touristique mondialement connu. Les hôtels se succèdent déclinés dans toutes les variétés possible et imaginables, du plus minable au plus luxueux. Mais sincèrement j'ai ma dose d'hôtel minables pour un moment et je lançais la vieille (mais vaillante) Hyundai de location vers le désert. Il y a dans le sud du Royaume Hachémite de Jordanie quelques camps de bédouins aménagés pour recevoir les touristes dans des conditions qui me paraissaient encore un peu floues mais que je me faisais une joie de découvrir sou peu.

Malgré l'heure tardive et l'obscurité du désert (ou peut-être grâce à la noirceur ambiante, car le camp était éclairé sobrement mais avec bon goût) je trouvais le camp que je visais, subrepticement soustrait à la vue des curieux et aux assauts du vent par des blocs rocheux que la géologie et l'érosion ont criblées de formes fantastiques que l'on devine susceptibles d'exciter les convoitises de quelques troglodytes habiles à façonner la roche. J'étais accueilli par Atif, qui, après m'avoir guidé jusqu'à ma beit sha'r me demandait de le rejoindre sous la tente commune pour le thé. Je posais rapidement mes affaires sur le tapis à même le sable et sortait ma veste de moto de mon sac. Il faisait froid ce soir là et aussitôt revêtue je retrouvais avec plaisir le confort et la chaleur de ma veste. Sans doute pour l'avoir porté pendant 6 mois tous les jours par tous les temps pour toutes occasions (y compris un mariage) lors de mon voyage moto à travers les Amériques, je me sens très bien dans cette veste, elle est un symbole sans doute, un épitomé du voyage vécut.

Je rejoignais Atif dans la grande tente, il planait encore dans l'air l'odeur parfumé de la shisha où finissait de rougir quelques cendres. Je m'asseyais sur un coussin face à mon hôte de l'autre côté des restes du feu de camp dont les braises diffusaient une chaleur bienfaisante. Le thé bouillant était parfumé et sucré dans son verre à une anse, la théière noircie reposait près de l'âtre. Je m'attendais plus ou moins à du thé à la menthe mais, surpris je n'identifiais pas la saveur douce de celui-ci. De la sauge me dit Atif. Excellent!
Mon interlocuteur était enroulé dans un long manteau de chameau lui descendant jusqu'aux pieds, ses longs cheveux noirs cascadaient souplement sur ses épaules. Les lampes à pétrole (qui en réalité éclairaient par le magie moins romanesque d'ampoules électriques alimentées par un générateur) diffusaient une lueur douce dans la grande tente. Un décor idoine pour quelques errances de l'imagination. Il n'en fallait pas plus pour que mes pensées dérivent vers T.E Lawrence (nous étions proche d'Aqaba après tout, difficile de faire plus évocateur!) et bien sûr Corto Maltese (dont son caban a sans doute sur lui les mêmes vertus que ma veste de moto sur moi) en train d'inventer une 115ème sourate au Coran qui lui conviendrait mieux.

Deux jeunes bébouins m'amenaient bientôt un plateau chargé de mon repas d'une manière quelque peu solennelle. Quelques plats s'y trouvaient mais le plus surprenant et le plus savoureux était un plat traditionnel que je n'avais jamais goûté, appelé galaya. Un véritable régal! J'ai fini le plat, mangeant directement à l'aide du pain plat en m'excusant auprès d'Atif de l'insulte que je lui faisais en mangeant de la main gauche. il ne semblait pas m'en tenir rigueur.
Mon temps étant compté à Petra je me couchais vers minuit pour être debout vers les six heures au plus tard après avoir fini le thé et conversé un peu avec Atif. Les différents troubles politiques récents en Afrique et au moyen orient ont un impact direct sur l'activité touristique de la Jordanie (lui même a eut 11 annulations ce mois-ci), c'est un refrain que j'entendrai partout, sur le site de Petra, sur la place du village où j'achetais de la crème solaire, au restaurant en repartant vers Amman...

J'ai très, très bien dormi cette nuit là. Le désert est tellement tranquille et quatre couvertures ont rendues la température tout à fait supportable. Je me levais vers six heures comme prévu et bien reposé pour un petit déjeuner sous la grande tente. Humus, huile d'olive, thym, omelette, tomates, olives composaient le menu du matin. Très bon pour la santé! J'étais d'attaque pour la journée marathon car je devais être sur la route du retour vers 15H30 au plus tard et le site est immense, certains disent qu'il faut trois jours pour en faire le tour.

À 7 heures 30 je rentre sur le site. La promenade à cheval sur les deux premiers kilomètres est incluse dans le billet d'entrée, alors allons y pour le cheval. Il me dépose à l'entrée du Siq. Ce fameux canyon qui conduit dans la cité. Sur la droite un tunnel massif de 88 mètres de long témoigne de la maîtrise technologique de nabatéens. Il avait un système hydraulique complexe, détournant les rivières, stockant l'eau dans des citernes creusées à même la roche, entretenant des jardins et des fontaines. Lors de grosses inondations au milieu du XXème siècle on a rien trouvé de mieux que de rénover les conduites d'eau originales. un système vieux de 2000 ans!
Je m'enfonce donc dans le canyon étroit. Tout de suite on se sent tout petit. Les caravanes qui passaient ce couloir devaient sans doute avoir des sentiments mitigés face à cet endroit. En effet si Petra parait avant tout être un cimetière (la plupart des monuments sculptés dans la roche sont des tombeaux) c'était surtout une ville stratégiquement placé sur les routes de la soie, des épices et des produits d'Afrique allant vers l'Europe. Cela à fait sa fortune, mais aussi en a fait une menace pour les empires Grecque puis Romain. Comment les caravanes trouvaient-elles cette ville? La description que fait Kessel des pérégrinations de Mordhom, Igricheff et Philippe dans Fortune Carrée prennent ici un sens plus profond. On comprend l'existence des guides bédouins ou autres qui connaissaient toutes les pistes depuis leur plus jeune âge, une connaissance presque innée, la valeur de la transmission des connaissances dont dépendent leurs vies.

Puis soudain entre les parois serrées du Siq on aperçoit les premiers contour du fameux Trésor. Sans doute le plus célèbres des monuments de Petra. Encore quelques mètres et le voici soudain dans toute sa grandeur. Encore maintenant, on ne peut s'empêcher de s'arrêter, ébahi par cette apparition soudaine. La majesté de ce temple, son gigantisme, le travail fourni pour réaliser ce colossale symbole laisse sans voix. On peut aisément imaginer l'effet qu'il devait avoir sur les caravaniers qui entraient pour la première fois dans la cité de Petra, ils devaient se sentir ridiculement petits et sans doute l'effet était-il voulu, Petra exhibait dès l'entrée sa toute puissance et sa richesse.
Je vois dans ce lieu un rapprochement avec Machu Picchu. Naturellement le site est déjà impressionnant. Plein d'une énergie presque palpable. Mais la manière dont l'homme a façonné cet environnement, avec des moyens assez rudimentaires, est tout simplement incroyable. Quelle somme d'efforts, quel coût en vies humaines il a fallut produire pour que les rêves de grandeur de quelques élus permettent la construction de ces monuments dédiés à des cultes perdus, à la croyance en un monde supérieur qui dans des formes différentes à fini par la création de tels sites?

C'est vrai, Petra est immense. Et surtout il n'y a pas un endroit laissé sans traces. Elles sont évanescentes par endroits, bien conservées dans d'autres, mais toujours présentes, imposantes. J'ai monté et descendu près de 3000 marches dans le journée, on m'a conseillé de choisir entre le Monastère et la place haute du sacrifice par manque de temps. En courant entre les deux on peut les faire dans la journée. Je ne regrette pas de l'avoir fait. Comme pour les autres merveilles du monde déjà à mon catalogue, je n'ai pas pris de guide. J'aime m'imprégner des lieux, laisse leur magie opérer, tant pis si je perds ma chance de briller dans quelque trivia, que je me contente de mon inculture crasse. Je crois que c'est du rêve que je cherche dans ces endroits, pas la recherche de l'exactitude historique ou du détail culturel.

La sortie se fait également par le Siq, une dernier regard au Trésor avant de s'engager dans le corridor rocheux. Le Trésor porte son nom à cause de la croyance bédouine que l'urne surmontant le temple contient un trésor fabuleux caché par un pharaon (c'est écrit sur une plaque devant le monument, j'ai pas de mérite sur ce coup là!). Elle est d'ailleurs criblée de trous de balle les bédouins vers le XIXème siècle essayant ainsi de déloger, sans succès, le trésor. Assez épars les tirs d'ailleurs, je pense à Shoendorffer et son Crabe Tambour qui apprend à tirer aux nomades qui le retiennent prisonnier, scène mythique!

À peine monté dans la voiture, juste à la sortie de Petra (la ville!) je suis arrêté à un contrôle de police. Hum! Qu’est-ce qu’ils me veulent. Le Policier aux dents en or me sert un grand sourire brillant en me parlant en arabe. Je comprends deux mots, Police et Amman, je suis pas trop avancé. Je lui souris bêtement. Puis il se lance dans un mime digne du grand Marcel puis appelle un des ces jeunes collègues resté dans le camion. Je finis par comprendre qu’ils veulent que je prenne le jeune comme passager. J’accepte, je me voyais mal dire non! Le gars file chercher son sac dans le camion et embarque. Très sympa, malgré qu’il ne parle aucune langues que je connaisse et moi pas arabe on a bien rigolé, et il connaissait l’emplacement de chacun de nombreux radars sur la route entre Petra et Amman.

Donc voilà, quatre de fait (en quatre ans), restent, heu.... oui, c'est ça trois merveilles du monde à visiter!

vendredi 6 mai 2011

Encore en triage...



Je suis toujours en train de passer ponctuellement au travers des milliers de photos prises lors du voyage quand j'en ai le temps. En voici quelques une que j'aime bien...