lundi 28 septembre 2009

Le départ approche...

Je crois que là je ne peux plus reculer. J’ai invité mes amis à la maison samedi passé pour une petite fête d’au revoir, et ça c’est signe de «point de non-retour» atteint.

À tous ceux qui sont venus samedi pour me souhaiter bonne route, je vous remercie du fond du coeur. Vous avoir là autour de moi a été un moment privilégié pour moi et aussi d’une certaine manière un réconfort. J’aurais aimé passer plus de temps avec chacun de vous individuellement, mais j’espère cependant que vous avez apprécié autant que moi d’être là par cette belle journée d’automne. Vos preuves de sympathie m’ont beaucoup touchées.

Quant à ceux qui ne pouvaient pas se libérer, même si vous n’étiez pas là samedi, je sais que vous m’accompagnerez aussi durant ce voyage. Je peux quand même vous dire que vous avez manqué un bon moment, surtout que j’avais invité des nains qui jonglaient avec des tronçonneuses allumées et ensuite des hommes forts écossais qui jonglaient avec les nains. Très impressionnant!



Au chapitre mécanique, je suis allé chez Yamaha la semaine passée pour la fuite d’huile. La surprise agréable a été le service reçu. Moins de dix minutes avant que ma moto ne soit sur un banc et auscultée de près. Moins bonne surprise, le joint entre la boîte de vitesse et le moteur fuit. Le prix de cette réparation est prohibitif. Il faut sortir le moteur, ce qui en main d’œuvre est mon budget nourriture pour deux mois (et après il faut le remettre à sa place ce moteur!). Le mécano qui a travaillé sur la moto me semblait le genre de gars qui fait son boulot parce qu’il l’aime plutôt que juste parce qu’il faut manger tous les jours. Il a fait un joint silicone le long de la fuite, qui, hélas, bien que réduite, subsiste. Je n’ai rien payé pour les -presque- trois heures de bidouillage sur la moto. Ceci dit, ils auraient peut-être pu noter la défaillance la première fois.

Après mûre réflexion je pars donc avec une fuite d’huile. Tel le petit poucet pollueur je m’en vais égrainer sur mes traces des petites gouttes d’huile SAE 15-40.

mercredi 23 septembre 2009

La préparation de la moto




Ayant vendu ma précédente moto pour m’aider à payer mon crédit automobile (et finalement ma voiture pour m’aider à payer mon hypothèque sur la maison!), je me devais de trouver un véhicule approprié. Ma première idée fut de partir au guidon d’une Enfield, d’une Ural ou même d’une Chang-Jiang. Mais après environ 8 secondes de réflexion je me suis rendu compte qu’il m’aurait fallut des capacités qui me faisaient défaut. Nommément, une grosse paire de… heu!... qualités, c’est le mot que je cherchais. D’abord la patience de rouler sur une moto avec une vitesse de pointe de 80 kilomètres/heure, et surtout une bonne connaissance mécanique.

Pas le choix donc, je relançais mes neurones dans une réflexion ardue. Après avoir grillé le tiers de liaisons synaptiques qu’il me restait j’avais une nouvelle idée. Une moto de 3/4 de litre ou plus de cylindrée, transmission par cardan (drive shaft), refroidissement par air. Tout le monde aura deviné, je cherchais une XLV 750. C’est hélas introuvable, coincés que nous sommes entre l’Atlantique et le Pacifique.

Après avoir éliminé les BMW et autres KTM pour cause de prix inabordable pour mes moyens financiers en pleine délitescence, l’évidence s’est présentée sous la forme d’une annonce pour une Super Ténéré 750 de 1991 avec 70 000 Km. Pas chère, relativement facile de maintenance (mais pas pour moi, j’y connais rien en mécanique!), le seul problème étant que je ne peux pas poser les pieds à terre à l’arrêt! C’était pas la peine de réfléchir finalement, j’aurais dû faire comme d’habitude.

Aussitôt vue, aussitôt achetée, ou presque, car je me donnais la peine de chercher sur internet des informations sur le modèle en question. Le fait que j’ai bavé sur mes chemises d’écolier en la voyant dans ma jeunesse, n’était pas un critère à lui seul décisif.

La XTZ 750 a un historique connu pour certains petits écueils courants. Pour un tel voyage il me paraissait préférable de ne pas les négliger (quelques uns de ces inconvénients potentiels étaient déjà rectifiés avant l’achat).

Certaines soudures du cadre sont sujettes à des bris lors d’utilisation hors route. Points renforcés par des coins en métal soudés sur le châssis

Le régulateur surchauffe et grille souvent. Régulateur re-localisé sur le cadre pour un meilleur refroidissement.

Amortisseur arrière trop faible. Système complet Penske installé. Plus lourd, mais plus solide et réglable en pré-comtrainte, en dureté, en longueur, en largeur, en diagonale, en tambouillage et en spirale.

Freins faibles. Certains esprits chagrins disent que ça vaut rien, les plus optimistes que c’est pour ne pas bloquer dans le sable. Ce qui fait de la XTZ une moto très élitiste, sûrement moins de 5% de ses utilisateurs sortent de l’asphalte. Nouveau réservoir avant de faible diamètre et plus haut en lieu et place de l’original, plat et large. Pose de durit acier pour remplacer les tuyaux caoutchouc originaux. Le résultat est remarquable et comparé à un système de frein d’une autre moto, où, si un obstacle surgit inopinément on s’arrête avant, ben là on rentre dedans mais moins vite que si rien n’était changé du design de Yamaha.

Écrou de rétention du pignon de sortie de boîte de vitesse ne résiste pas aux vibrations en tout-terrain. Remplacé par un écrou provenant d’un modèle sport de Yamaha de même diamètre mais avec un filet supplémentaire.

Puis en vrac : pose d’un protège réservoir (crahs bars) Hebco Becker (on reconnaît là la perfection et le souci du détail germaniques, car une fois posé on ne peut plus démonter les carénages latéraux ou le radiateur. Ce qui, combiné au manque de commodité original, nécessite un bon 35 minutes de démontage total rien que pour avoir accès à une bougie), pose de porte-valises Hebco Becker (dont j’ai changé le boulonnerie fournie pour un diamètre supérieur lorsque possible), protège mains, lubrificateur de chaîne Loobman, filtre à air K&N, GPS Zumo 450, kit de carburateurs Dyno Jet, protège phares en polycarbonate (conçu et réalisé par moi-même pour la modique somme de 13$), throttle rocker, pare brise haut Ermax et pleins d’autres petits détails.

Crash bars :


Lubrificateur Loobman :

J’avais mon chef mécanicien pour m’assister dans mes errances (mon fils de 9 ans) :

Pat The Bouc modifie le pot d'échappement pour ménager le passage des porte valises :

J’ai choisi de ne pas prendre trop de pièces de rechange, de toute façon, c’est toujours celles que l’on ne prend pas qui lâchent. Mon stock sera composé de câbles de rechange (embrayage, accélérateur, compteur de vitesse), un régulateur, pignon et couronne (front et rear sprocket), 3 pneus neufs (ce n’était pas prévu ainsi, mais au prix où je les ai obtenus, je devais les prendre, reste à savoir où je vais les mettre!), deux chambres à air (1 avant, 1 arrière), deux filtres à huile, deux bougies, des ampoules de rechange, un jeu de joints de fourche.

J’embarque aussi un minimum d’outils. De quoi changer une roue en cas de crevaison, démonter le carénage en cas de n’importe quoi qui nécessiterait le démontage du carénage et, fidèle ami du bricoleur qui ne sait pas trop ce qu’il fait, un gros marteau!

Ma liste de souhaits pour l’équipement était pas mal plus longue. Mais deux choses m’ont un peu tempérées dans mon élan. Mon budget, qui est assez serré et pas vraiment très extensible. Et si je voulais vraiment des poignées chauffantes, une veste chauffante et d’autres gadgets du même acabit, j’avais un peu l’impression que je trichais. Trop de confort me semblait un tant soit peu diminuer l’intérêt de ma promenade, en la rendant par trop douillette. Aussi bien le faire en Hummer climatisé et équipé d’un minibar.

Bonne idée le minibar quand même, je retiens…

Bien sur, si tout allait bien, ce ne serait pas drôle. Donc, il y a quelques semaines, je décèle la présence d’une fuite d’huile sous le moteur. J’en fus d’abord plutôt énervé, mais je me dis bientôt qu’après tout mieux valait maintenant que dans le milieu de nulle part (où je compte me rendre durant mon voyage, si vous vous posiez la question).

Donc dépose de la moto au concessionnaire Yamaha local. Le joint de sortie de boite de vitesse avait lâché. Forcément, les pièces mirent deux semaines à venir du Japon («faut que ça vienne de loin c’est japonais». Les Bronzés!). Je viens, tout guilleret, de récupérer ma moto. Petit tour d’essai (167 Km!), et bien elle fuit toujours, et du même endroit en plus.

Résultat logique, je stresse, et je ne suis pas trop content. Je retourne demain au magasin Yamaha, en espérant (vainement, j’en suis à peu près convaincu) que les 311$ que j’ai investi dans cette réparation ne furent pas vains, et surtout que je ne vais pas avoir à ressortir mon portefeuille encore une fois alors que je ne suis pas encore parti!

L’autre point désagréable de cette mésaventure est que je me vois déjà repousser la date de mon départ, prévu dans une semaine et demie, pour cause de manque de pièces au Canada, ce qui m’enchante encore moins.

Oui, honnêtement, j’enrage…

jeudi 17 septembre 2009

Préparation physique et mentale.

Je me suis mis au régime et au sport, histoire de perdre quelques kilos en trop (enfin, un kilo en fait). J’ai pris du jus d’açaï en intraveineuse, des polyphénols en suppositoires et sniffé des oméga-3, difficile de faire mieux. Maintenant je ressemble à ça…

Si!...Un peu quand même…Non? Ha bon!

Tout le monde m’a mis au courant des risques encourus dans les régions que je comptais traverser. Parmi les plus évidents on retrouve :

- être invité à dîner avec le commandant Marcos une spécialité locale à base de testicules de crapaud farcis d’yeux de mouche.

- être kidnappé par les FARC, le Sentier Lumineux, les sandinistes, la secte Moon, le Tupac Amaru…

- contracter la grippe ovine, bovine, lapine, de cheval (oui, je sais on dit équine, mais je suis pas du genre à reculer devant la justesse linguistique pour me permettre un mauvais jeu de mots!)

Et, loi de Murphy aidant, que tous les exemples précités m’arrivent dans la même journée.

Grâce à cela j’ai pu envisager des mesures pour mitiger les risques. Par exemple ne pas m’habiller en orange, ça m’évitera d’être pris pour un évadé de Guantanamo Bay.

J’ai aussi visité un clinique de voyage. Mise à jour des vaccins et conseils de santé applicables aux pays visités furent au menu. Cela coûte relativement cher, mais m’a semblé assez utile à ma tranquillité d’esprit. J’ai aussi contracté une assurance personnelle qui couvre les soins médicaux, dentaires et, le cas échéant, le rapatriement. Et finalement, fait faire un permis international, mais, événement bizarre, je l’ai perdu le jour même!

Il me reste un dernier vaccin, une visite chez le dentiste et à regarder deux ou trois épisodes des «mystérieuses citées d’or» et je serai fin prêt. Il ne me restera plus qu’à gérer l’idée de ne pas voir mes enfants pendant cinq mois, ce qui risque d’être la plus dure épreuve de ce voyage, je sais qu’ils me manqueront terriblement.

dimanche 13 septembre 2009

remerciements.

Sans me lancer dans un délire dithyrambique digne d’une soirée des oscars, il y a quand même quelques personnes que je dois citer ici, et remercier publiquement.

Pat The Bouc, qui a voyagé à moto l’hiver passé du Québec à Ushuaia. Il a été d’une disponibilité remarquable, a supporté et répondu à toutes mes questions, les plus saugrenues soient-elles. Pat est d’une gentillesse qui n’a d’égale que sa joie de vivre, le rencontrer et faire la connaissance de sa conjointe, elle aussi très sympathique, a été une retombée positive de cette préparation de voyage.

Didier et Jo. Une autre rencontre que m’aura permis la préparation de ce voyage. J’ai eu le privilège de croiser la route de ces deux tour-du-mondistes lors de leur dernière étape. http://tdm.a3w.fr/

Je ne remercierai jamais assez de leur générosité ces deux voyageurs au grand cœur. Ils sont une belle démonstration des meilleures qualités que l’on peut trouver chez un voyageur : ils parcourent le monde avec les yeux aussi grands ouverts que leur esprit, et ils donnent sans s’attendre à recevoir, juste pour le plaisir. Belle leçon d’humilité. Leur assistance et leurs conseils dans ma préparation furent plus appréciés qu’ils ne le pensent.

D’autres motards m’ont aussi aidé, sans que je ne les rencontre, ils ont tous répondu à mes courriels avec des informations utiles et des mots d’encouragements très bienvenus. De plus leurs sites et blogs sont une mine de renseignements pour tout aspirant voyageur. J’espère, avec un peu de vanité, que mon blog servira aussi à quelqu’un de la même manière.

Vincent Danna

http://vincent.danna.free.fr/

http://www.va-project.com/

Brian et Marie

http://www.2uprtw.com/

Adam Musbach

http://adamandvalerie.blogspot.com/

Linda Stolk

http://latitude54.blogspot.com/

En utilisant les moteurs de recherches habituels, vous trouverez aisément d’autres sites remarquables et eux aussi utiles à la préparation.

Il est aussi nécessaire de faire une petite parenthèse pour parler des gens qui m’ont inspirés pour ce voyage. Bien que je parte seul vers l’Amérique du Sud, dès le début j’ai imaginé ce voyage pour le faire avec des amis.

Commençons par le suspect habituel, Duck. On a partagé pas mal de galères et surtout de kilomètres ensemble, mais aussi des délires et des projets de fous jamais réalisés, et c’est assez naturellement que dans mon esprit je l’associe à chaque projet qui rime avec moto et voyage.

Mon frère. J’avoue que, hélas, je ne le connais pas beaucoup. Je l’ai vu trois fois au cours des quinze dernières années, et la distance géographique qui nous sépare ne me permettra pas d’améliorer ce score dans les années à venir. Mais, depuis peu nous parlons souvent au téléphone, et il semblerait que le gars qui distribue les qualités (qui était en grève sur les recommandations de son syndicat le jour de ma naissance) a été sympa avec lui, le meilleur résumé que je puisse faire des qualités de Nicolas est que c’est un type bien, je ne vois pas mieux comment décrire sa droiture et sa générosité. C’est assez rare pour être noté. En plus c’est un vrai motard dans l’âme, ça ne retire rien au personnage.

Math. J’ai peut-être aidé Math deux ou trois fois, mais en échange, je l’ai dérangé pour des services pas mal plus conséquents, et il a toujours répondu présent. Avec lui, les plus gros problèmes deviennent le fun et les pires situations s’envisagent avec humour. Comme en plus on vient de lui voler sa moto, cela aurait été une parfaite opportunité pour qu’il en achète une plus adaptée au voyage vers la Terre de Feu!

Mais, comme d’habitude dans la vie, quand le temps est venu pour l’un d’entre nous de faire quelque chose, ce n’est pas le cas de tout le monde. Les gars, je sais que je penserai souvent à vous durant ce périple.

jeudi 10 septembre 2009

Présentation

Soyez les bienvenus sur ce journal personnel. Je vais tenter d’y retracer au mieux, mais à ma façon, mon voyage à moto de Montréal à Ushuaia.

Pourquoi faire un blog puisque je sais déjà que ma vie n’est ni intéressante ni d’un quelconque attrait, et que l’angoisse d’une page blanche (fut-elle celle de mon ordinateur!) devant la vacuité de mes expériences ne sera sûrement pas des plus gratifiantes pour mon ego?

Tout simplement pour garder un contact, aussi virtuel que peut l’être le médium électronique, avec ma famille et mes amis. Je sais que cela peut paraître beaucoup de travail pour juste 6 ou 7 personnes, mais bon je me sens prêt pour ce sacrifice. Pour tous les autres qui au hasard de leurs pérégrinations sur la toile se prennent dans les filets inoffensifs de mon carnet de voyage, si vous avez le courage de lire plus de trois lignes, je vous demande d’avance de m’excuser de l’ennui dans lequel je ne manque certainement pas de vous plonger.

Pourquoi faire ce voyage? Introduction pénible et non nécessaire dans les confins de mon esprit tordu.

Il faut remonter à l’adolescence pour trouver les racines de ce voyage. Alors que la majorité de mes camarades, aussi boutonneux que moi, s’extasiaient sur les attraits de l’indémodable minijupe et des perspectives de bonheur qu’elle promettait à leurs hormones en éveil, j’accusais personnellement un certain retard dans ce domaine. Il me semble que beaucoup de mon énergie et la très vaste majorité de mon temps étaient consacrés à la lecture. Si Asimov, Heinlein, Dick, Simack, G.R.R Martin, Ballard, Barjavel, Leroux, Vernes et j’en passe, me faisaient voyager sur les frontières de l’espace et du temps d’autres auteurs avaient à mes yeux des vertus plus prosaïques.

C’est sur les frontières bien terrestres que je suivais Kessel, Hemingway, Cendrars, Rosny, Stevenson, Kipling, etc. C’est pourtant quelques années plus tard que je fixais dans mon esprit de manière définitive la définition des mots «aventure» et «aventurier» en découvrant avec passion les dessins et écrits d’Hugo Pratt. Hélas, ces définitions s’accompagnaient pour moi d’une réalisation assez douloureuse. J’étais bien trop lâche pour devenir moi-même un aventurier. Sans compter que je me butais à un problème un peu plus éthique. Comment de vrais aventuriers, comme Henri de Monfreid ou Rimbaud par exemple, pouvaient-ils concilier leurs actes et leur conscience, dichotomie récurrente que j’attribue à nombre d’aventuriers.

Mais, quoiqu’il en fut, l’envie de sentir les parfums capiteux, les essences exotiques, de voir les couleurs que j’imaginais au détour de pages jaunies et mille fois tournées, ne m’a jamais quittée. Et, c’est vrai, je fus assez chanceux et j’eus de nombreuses occasions de voyager. Mais depuis dix-huit ans maintenant, je rêve d’un voyage un peu plus global. Rien de moins qu’un tour du monde par voie terrestre et maritime. Je reviendrai plus tard (si j’y pense!) sur la raison qui fait que je n’essaie d’accomplir à présent qu’une partie de cette circumnavigation.

Mais pour le moment préoccupons-nous de ce trajet Montréal-Ushuaia, départ donc de (environ) 45 degrés de latitude nord, vers 54 degrés de latitude sud (d’où le nom de ce blog). Pas une route très originale, je le sais, mais j’aime l’effet miroir 45/54, nord/sud. Bien des motards plus imaginatifs que moi, ou peut-être plus ambitieux, jettent leur dévolu sur la route Prudhoe Bay(Alaska)-Ushuaia. La fin de la route la plus au nord et celle la plus au sud. Mais bon, j’habite Montréal, je ne suis pas assez courageux pour conduire vers le nord (c’est bien connu on monte vers le nord et on descend vers le sud, alors moi je descends, c’est plus facile quand même!), alors le choix s’impose un peu de lui-même. De plus du Mexique à l’Argentine, il y a bon an, mal an des centaines de voyageurs qui conduisent divers types de véhicules sans trop d’encombres. D’après mes sources (fiables, il va s’en dire!!!), rien que l’an passé, 192 personnes l’ont fait à moto, 108 en voiture, et n’oublions pas 37 cyclistes ainsi qu’un unijambiste borgne dans un fauteuil roulant à batteries cadmium-nickel (c’est recharger les batteries qui lui prend le plus de temps).

Ma route n’est pas planifiée et je vais tenter de poser mes roues dans un minimum de 14 pays, éventuellement si les circonstances en décident ainsi, 17 ou 18, tant et si longtemps que ma roue avant pointe plutôt vers le sud. Il est bien deux ou trois choses que je tiens à voir dans ce périple, mais hormis ces points de détails, je ne me fixe aucune contrainte quant au temps dévolu à chaque pays ou à l’itinéraire que j’y emprunterai.

La grande question est, je suppose, vais-je finir ce voyage?

Je vois déjà quelques adeptes infatigables d’un pyrrhonisme indécrottable me ressortir les preuves de mon côté pusillanime, encore tout surpris que j’entreprenne un tel voyage, la science n’ayant pas réussi à me greffer des nerfs d’acier, ni à m’enrober les gonades de tungstène. Mais ont-ils tort?

Vous connaissez sans doute de ces gens qui, une fois quelque chose de décidé vont tout mettre en œuvre pour accomplir leur plan initial, quoiqu’il en coûte, et ne reculerons devant rien pour arriver à leur fin.

Et bien, je dois donc avouer, en toute modestie, que je n’appartiens pas à cette catégorie. En tant que tel, je me garde le droit de faire demi-tour et de rentrer au bercail à la première panne, qu’elle soit mécanique, mentale ou physique. Au moins c’est dit! Vous ne serez pas surpris. Je dois aussi ajouter que Ushuaia n’est pas forcément un but en soit. Je ne veux pas partir avec la pression de ce but à atteindre sans faillir. Si je dois m’arrêter en route parce que tel lieu m’aura absolument captivé et que veuille y passer quatre mois, alors il en sera ainsi. Je vais tenter de progresser par étapes faciles, un tour de roue à la fois, premier but : passer le pont de l’Île Aux Tourtes.


Pourkoicétikiféssa maintenant?

Mon employeur a fait faillite il y a un peu plus d’un an. Je me suis réveillé un matin et je n’avais plus de travail. Un an plus tard, grâce à un savant dosage de pas de chance et d’incompétence pure et simple de ma part, je n’ai toujours pas de travail. L’hiver passé fut des plus démoralisants, la crise n’offrant pas énormément de possibilités d’emplois et surtout j’échouais, assez lamentablement, toutes les entrevues d’embauches que je passais. Puis un soir de mars 2009 l’idée est venue comme ça. Je lisais Daniel Pennac au lit. Comme quoi la saga des Malaussène peut-être une source d’inspiration qui dépasse les frontières de Belleville. En cinq minutes le projet était esquissé. Je n’avais plus de moto, pas d’argent, mais plus de travail, autrement dit je ne pouvais que m’enthousiasmer d’une idée aussi ridicule.

Le côté financier s’est résolu de lui-même. J’ai décroché un contrat de trois mois dans le grand nord canadien de mai à août, et ce n’est pas sans plaisir que je retournais au Nunavut où je n’avais pas mis les pieds depuis 2001. Il n’y avait plus d’obstacle à mon voyage. Certaines personnes, justement inquiètes, me dirent bien que je perdais mes chances de retrouver du travail avec un trou pareil dans mon C.V, et ils ont sans doute raison, mais je choisis de n’écouter que ceux qui me disaient de foncer et de profiter de cette opportunité. Je n’en voudrai qu’à moi quand je serai sur le B.S.

mercredi 9 septembre 2009

M'écrire...

Pour m'écrire par courriel veuillez je vous prie utiliser l'adresse suivante :
nord 45 sud 54 arobase hotmail xxx com (pour éviter les courriers indésirables, sans espace et remplacer les x par un point).

Merci.

mardi 8 septembre 2009

vague autobiographie

Non pas que ma biographie ait quelque chose d’aussi capitale que celle de Paris Hilton, mais ce sont des choses qui se font de se présenter aux visiteurs de son blogue. Dont acte!

C’est juste qu’il n’y a pas grand-chose à dire. Mais quelqu’un s’est déjà inspiré de ma vie pour atteindre la gloire, voici ce qu’il en dit :

«The details of my life are quite inconsequential... very well, where do I begin? My father was a relentlessly self-improving boulangerie owner from Belgium with low grade narcolepsy and a penchant for buggery. My mother was a fifteen year old French prostitute named Chloe with webbed feet. My father would womanize, he would drink. He would make outrageous claims like he invented the question mark. Sometimes he would accuse chestnuts of being lazy. The sort of general malaise that only the genius possess and the insane lament. My childhood was typical.» Dr. Evil.

C’est un assez bon résumé en fait.

Ensuite de quoi j’ai développé un penchant pour les objets et animaux sur lesquels on essaye de se tenir en équilibre plus ou moins stable pendant une plus ou moins longue période de temps, comme le résument les photos suivantes de l’époque de mes 10 à 20 ans.

Depuis ce temps là, j’aime les voyages à moto. J’essayais jusqu’à récemment de partir tous les ans une semaine, seul avec ma motocyclette et de l’équipement de camping. Mais cette année, je pousse le concept un peu plus loin. Je compte partir un peu plus de cinq mois, destination l’Amérique du Sud. Je sais le voyage à moto est très à la mode, et j’invente pas grand-chose. C’est tellement «in» qu’un beau jour, vous allez voir que quelqu’un va arriver avec l’idée de prendre deux acteurs au statut hollywoodien, auréolés de la gloire que seul le grand écran peut consacrer pour l’éternité (avec l’accent britannique, si possible, les acteurs, ça fait plus beau en V.O.) et les envoyer autour du monde sur deux roues. On va, au passage, essayer (avec succès, n’en doutons pas, on est bon public) de nous faire oublier les trois 4X4 d’assistance, les cameramen, le producteur, le réalisateur, le médecin de l’expédition, et nous vanter discrètement les mérites de leur motos, gentiment fournies par un constructeur assez en vue (bon au hasard, disons : allemand, le constructeur). Mais je divague, nous n’en sommes pas encore là quand même!

Pour en revenir à mon voyage à moi (c’est mon blogue, j’ai bien le droit à mes 15 minutes Warholliennes moi aussi), le départ est prévu début octobre. Je vous en dit plus dans un prochain message, afficher celui-ci et avoir un blogue à moi, étant déjà un exploit personnel assez incommensurable, si l’on considère qu’il y a peu, je pensais que la seule façon d’éteindre un ordinateur était de débrancher la prise murale.