dimanche 14 février 2010

J'ai bien fait d'y aller finalement.


Aller à Ushuaia en bus de Rio Gallegos ne m’intéressait pas du tout. Je ne voyais pas comment cela représentait quelque intérêt que ce soit pour moi. J’avais déjà décidé que me rendre sur La Grande Île De La Terre De Feu bien qu’en étant si proche ne signifiait pas grand-chose. Le voyage à moto lui-même vers ce but que je me résignais à ne pas atteindre avait suffisamment de sens pour que je me dispense d’aller plus au sud. Puis, je ne sais pas comment cela m’est venu, j’ai eu une idée. Si j’allais à Ushuaia en auto-stop?

Aussitôt décidé aussitôt fait. Me rendre en quelque sorte par mes propres moyens vers la ville la plus australe du monde, cela semblait convenir.

J’avais le pouce un peu rouillé, des années que je n’avais pas voyagé de la sorte. J’ai même commencé à me demander si cette idée était si brillante que ça après tout.

Une heure quarante cinq minutes avant d’être pris par une famille très aimable qui me conduisit jusqu’à la frontière chilienne. Pour une fois que je passais une frontière à pied, quel dépaysement!

Puis je fus déposé à la fourche où la route vers la droite va vers Punta Arenas et à gauche vers Ushuaia. Je tendais le pouce vers le ciel gris et menaçant et la première voiture qui passait s’arrêtait aussitôt pour me prendre comme passager. Pas mal le stop au Chili. Martin est un jeune avocat d’Ushuaia, et il va me conduire à destination. Le seul problème est dans sa conduite. D’accord je ne suis plus habitué à être à la place du mort, mais à 160 sur les routes et un bon 120 sur le ripio, dérapages inclus, j’ai rarement eu aussi peur en voiture, surtout qu’il pleut et qu’il n’a pas d’essuie-glace. Ayant toujours souhaité mourir dans mon sommeil j’ai essayé de m’endormir mais les cahots de la piste m’en ont empêchés.

Finalement nous sommes arrivés sains et saufs. J’avais demandé à Martin s’il pouvait me conseiller une auberge de jeunesse en ville. Il m’a déposé à l’Antarctica, devant laquelle était stationné un side car Ural vu récemment. Trop cool ce hasard. Je retrouvais Mike et Alanna à Ushuaia. Le dortoir qu’on m’affectait était plein et tous les occupants s’y trouvaient à mon entrée. Parmi les six personnes présentes il y avait une autre britannique Abby, elle originaire du Pays de Galles. Après deux minutes de conversation je constatais qu'elle était de la même mouture que Mike et Alanna et je les présentais les uns aux autres. La soirée qui s’ensuivit n’engendra pas la mélancolie c’est le moins qu’on puisse en dire et les crabes qui furent sacrifiés pour cette occasion et additionnés de sauce provençale étaient excellents. Paix à leur âmes.

Grâce à mon ami Frank de Montréal je rendais visite à Éric qui vit sur un voilier à Ushuaia avec son épouse, Claude et leurs deux filles. La Vahiere est le plus gros voilier sur lequel j’ai mis les pieds, il fait des voyages nolisés vers l’Antarctique. J’ai eu la chance de le trouver entre deux traversées et me retrouvais avec une invitation à dormir à bord, que je ne refusais pas.

Le lendemain fut consacré à la marche à pied. Pour un gars supposément en voyage à moto, c’est fou ce que je marche moi!

Matinée tranquille dans les rues d’Ushuaia et l’après midi ascension du glacier Martial avec Abby. L’appellation de glacier est un peu pédante. Il s’agit plutôt d’une langue de neige sale. Cela reste cependant un incontournable pour tout visiteur de la ville la plus australe du monde. La vue sur la baie d’Ushuaia vaut largement l’effort. De plus nous n’étions pas venu totalement démunis. Équipés de sacs en plastique qui devinrent pour l’occasion des luges très efficaces, nous glissâmes une bonne partie du chemin de retour. Je n’aurais peut-être pas skié cet hiver, mais j’aurais glissé au moins. Ultime récompense il y a au pied du glacier un salon de thé. Le décor en semble un peu iconoclaste dans son kitsch aux accents roses, mais les parts de gâteaux que nous mangeâmes nous remontaient notre taux de glucide vers les sommets et nous apportaient au moins 3000 calories chacun.


À travers le détroit de Magellan.
La Volkswagen de Martin, elles souffrent les voitures sur ces routes de pierrailles.
Les dauphins de Commersons suivent les traversiers, leurs couleurs rappellent celles des orques.

Le Vaihere.

Le fameux panneau du bout du monde.








Tiens un Ural!

Vers le glacier Martial.
Derrière Abby, Ushuaia.