samedi 19 décembre 2009

Colombie, nous voici.

Je devrais détester Sebastian. Partout où il passe les femmes se jettent sur lui, tentent, en vain la plupart du temps, de lui arracher ses vêtements et essayent de lui soutirer un baiser. Quand je suis avec lui, la plus intelligente du lot me remarque bientôt. En effet, elle me demande un truc du genre :

«-Hé! Toi la potiche, prends une photo de moi avec Sebastian.». Il a les dents blanches et régulières, des yeux bleus qui font craquer ces demoiselles, mais alors le pire c’est qu’il n’a pas du tout le mal de mer.

Pourtant, je le trouve bien sympathique, et le réciproque est me semble-t-il vraie aussi. Il est un peu fêlé faut dire. Dans le bon sens du terme, s’il y en a un! Il se cherche un peu dans ce voyage, comme pas mal d’autres. Il a juste décidé qu’il ne se mettait pas de limite pour mieux se trouver. Donc nous avons décidé de rouler un peu ensemble. Et il voue une sympathie encore plus grande à Marian, qui est devenue sa passagère attitrée. Enfin pour rouler ensemble il nous faut des motos.

J’appelle Manfred, l’agent maritime que nous avons tous les quatre choisis dès 9H30 lundi matin. Il a des mauvaises nouvelles, l’inspecteur en charge veut voir les quatre motos à la D.I.A.N. à 14 heures. Nous contactons Leonardo pour organiser le déchargement des bécanes. Choses faite sans trop de heurts si ce n’est que la mienne toujours capricieuse refuse de démarrer. Grant me tracte pour un moment, et elle finie par partir.

Puis arrivé à la D.I.A.N. l’attente commence. 20 minutes pour faire les papiers, une heure et demi pour avoir une signature dessus. Quelques photocopies et un bureau d’assurances plus tard, nous sommes enfin autoriser à rouler légalement en Colombie, nous ne sommes plus des hors la loi.

Mais je dois quand même vous livrer mes impressions sur Cartagena De Indias, fondée en 1533. J’y ai flâné de nuit comme à mon habitude, et de jour ensuite. La ville est magnifique et chargée d’histoire. Une beauté coloniale endormie au fond d’une baie qui fut témoin de bien des affrontements. Le mélange d’Afrique Caraïbe et de colonialisme espagnol est un spectacle à lui seul. Les maisons aux larges balcons de bois font penser aux pirates que les gens de chez Mickey nous ont remis en tête il n’y a pas si longtemps. Les couleurs affriolantes et bariolées des façades sont d’une gaieté sans égale.

La nuit les rues sont plutôt animées. Une foule disparate y évolue dans la brise marine qui soulage un peu de la chaleur écrasante du jour. Autour du centre de la vielle ville, où je loge, on se sent en sécurité, les gens sont ouverts et causants, pas stressés c’est le moins qu’on puisse en dire. Par contre dès que l’on s’éloigne un peu vers les rues plus périphériques on tombe dans un milieu un peu différent, un peu interlope. C’est ici que, de tout mon voyage, la prostitution est la plus flagrante. Rabatteurs se partageant les coins de rues et invitant le badaud curieux dans divers lieux de débauche, prostituées de toutes catégories, des épaves rongées par la drogue aux «acompanantes» en robe de satin ultra courte et à la beauté sans charme errent avec un même but dans la foule noctambule. Et puis, bien sûr, ce ne serait pas la Colombie s'il n’y avait pas des revendeurs de drogues diverses (cocaïne en tête), qui cherchent eux aussi leur proie du moment par les dédales emplis de mystère de la belle Cartagène. Toute cette faune vit dans une violence sous-jacente que le visiteur occasionnel que je suis parvient à ressentir sans peine. Il ne faut pas non plus virer à la paranoïa et seul, aux alentours de minuit, à la terrasse d’un café seulement occupée par des jeunes colombiens je ne voyais aucune raison de craindre pour ma sécurité. Il faut dire que la police et l’armée sont très présentes dans tous les coins de la ville, les compagnies de sécurité privées couvrant les endroits plus isolés.

Encore un autre endroit qui pourrait me retenir plus longtemps que prévu. Mais j’ai des compagnons de route pour le moment, et nous nous motivons les uns les autres.

Pour notre premier jour de moto depuis bien longtemps, Marian et Sebastian approuve mon idée de visiter le volcan de boue de Tomuto. Nous irons ensuite vers Santa Marta.

Le volcan de boue c’est vraiment bien. Ce n’est pas un volcan, mais un phénomène naturel qui fait de la boue, 230 mètres de profondeur. Mais la boue est d’une telle densité que l’on flotte dedans, nous y sommes restés le temps de voir passer trois bus de touristes.

Puis en route vers le nord et la parc naturel de Tairona. Une autre plonge pour ma moto. Nous étions attablés dans un restaurant du bord de la route quand nous entendîmes un bruit de ferraille. Toujours le même côté, mais cette fois-ci un peu de dégâts. Le bouton de l’avertisseur sonore brisé, le protège poignée gauche tordu ce qui bloque la poignée d’accélérateur et les freins avant bloquant lorsque serrés à fond. Je me réserve le bricolage pour le soir. Mais alors qu’elle galère de rouler dans Baranquilla, ses embouteillages, ses détours, ses routes de terres défoncées, ses trous de la chaussée remblayés en briques (!!!!) et ses policiers. En effet, nous tombons sur les ripoux du coin. Les contrôles militaires sont tels que décrits par les autres voyageurs, courtois et professionnels, pas le cas des policiers on dirait. Là, ils nous on vu venir les poulets. Je roulais devant lorsqu’ils nous signalent de nous arrêter sur le bas côté. Nous n’avons pas de gilets retro-réfléchissant. C’est une amende de 478000 Pesos. Début du cirque. Le gars me demande si je connais les gens de l’autre moto. Je me retourne l’air surpris et lui dit que non, je ne les connais pas. Puis il me dit que je dois payer le lendemain au tribunal, pas de problème, je suis en vacances. Finalement il me glisse que je pourrais facilement partir tout de suite en payant un petit pourcentage, ce serait plus commode pour moi. Au bout de quelques minutes, je me retourne et vois que pour Sebastian les choses ont l’air de bien aller, il distribue des cartes d’affaires. Je plante mon policier au milieu d’une phrase et rejoins Sebastian et Marian. Sebastian durant son voyage visite des orphelinats pour une bonne cause. Il est passé trois ou quatre fois à la télévision, fait la une de plusieurs journaux, été reçu citoyen d’honneur de certaines villes. Il est en train de dire à son policier qu’il ne peut pas attendre car les journalistes l’attendent pour une réception en son honneur et la visite d’un orphelinat. Le flic est un peu mal à l’aise. J’en profite pour dire que je voyage avec lui. Mon policier qui m’a suivi me fait remarquer que je viens de dire que je ne le connaissais pas. Réponse facile, je ne le connais que depuis une semaine, on connaît pas vraiment les gens après si peu de temps.

Finalement, ils nous laissent partir sans insister. Le soir au restaurant en reparlant de l’affaire, Sebastian raconte le plus marrant, selon lui à Marian qui a manqué ce passage. Mon policier était en train de tourner autour du pot, comme un gamin qui va faire une bêtise, mais ne sais pas comment s’y prendre. Distraitement, il s’est mis à écrire sur mon pneu de rechange avec le stylo duquel il menaçait de me donner une amende. Moi fidèle à ma théorie que l’on doit établir une hiérarchie j’ai pas hésité une seconde, je lui est collé un tape assez vive sur la main. Il a eu l’air franchement surpris. J’en ai profité pour m’énerver un peu.

«-J’écris pas sur tes affaires moi, alors toi t’écris pas sur les miennes, c’est clair?»

Il a mouillé son doigt de salive et effacé le petit point qu’il avait fait sur mon pneu. Je sais c’est mesquin comme petit plaisir, mais j’aurais tort de me le refuser.

Finalement nous sommes resté trois jours dans le parc. Il n’y avait que deux autres personnes au camping de l’entrée. Le seul atteignable par la route, plus commode pour nous, mais sans électricité ni internet, évidement.

Nos talents d’observateurs de la faune sont assez réduits, nous ne vîmes aucun singe, toucan, ni autres supposément habitants de cette forêt. On les entend sans cesse, cris et hurlements se perdant entre les banches. Je soupçonne le gouvernement de mettre de hauts parleurs dans les arbres pour faire croire au touriste que ces animaux existent vraiment. Par contre, dès la tombée du jour, les chauves-souris envahissent les lieux. Des centaines de chauves-souris…

Aujourd’hui nous mettons les bouts vers Medellin. Si les vendeurs de bord de route lisent ce blog (si! C’est possible!) : une bonne fois pour toute, je ne veux pas acheter de poulet vivant. Arrêter de me les agiter sous le nez tous les kilomètres, je ne vais pas m’arrêter.


Remorquage pour défaut de démarrage (encore!!!) Débarquement des motos.

La rouille à fait son oeuvre.


Un petit nettoyage pour essayer de décoller le sel marin.
Très inspiré les motards devant le lavage des engins.