mercredi 30 décembre 2009

Un jour sans moi.

Sans trop de presse ce matin je disais au revoir à ma logeuse, puis me rendais chez Gina pour faire mes adieux à sa famille. L’hospitalité équatorienne est digne de celle des colombiens. Peut importe l’heure à laquelle je passais pour bricoler sur la moto ou prendre quelques affaires, on me mettait le couvert. Encore un moment chargé d’émotion, avec des gens exceptionnels.

Mon idée était de voir le volcan Cotopaxi de près. C’est le plus haut volcan continuellement en activité du monde. Et pour la première fois depuis mon entrée en Équateur le ciel est clair. De la maison on apercevait au loin le sommet enneigé du Cotopaxi, mais des nuages se massaient déjà à l’est.

Une des choses que je voulais vraiment voir lors de mon voyage au Japon c’était le mon Fuji. J’y ai passé la journée à attendre que les nuages se dégagent juste assez pour l’apercevoir. C’est exactement ce que je me disais ce matin en fixant la lactescence entourant les 5800 mètres du volcan équatorien. Cette fois ci je n’allais pas attendre. Je rebroussais rapidement chemin sur la piste que j’avais emprunté peu de temps auparavant. Au bout de quelques kilomètres dans un virage serré la moto est partie en dérapage. Tout allait bien, contre braquage bien dosé, ça glissait comme dans les films. Je n’osais rien toucher, vu que c’était plus le résultat du hasard que de mes capacités. Tout allait bien donc, enfin jusqu'à ce que la valise de droite touche à terre. J’ai rattrapé la moto de justesse, le chemin était large et j’ai pensé une seconde que j’allais m’en sortir. Mon pied gauche que j’avais utilisé pour reprendre mon équilibre s’est coincé sous la valise gauche. La douleur a été aussi fulgurante qu’immédiate quand ma cheville c’est tordu, coincée par la valise lors de la chute. Affalé par terre, j’ai d’abord paniqué. J’allais mourir au milieu de nulle part avec une jambe brisée avant d’avoir eu le temps de me convertir à une religion qui me promettait la vie éternelle.

Cette idée me parut soudain ridicule étant donné :

Petit a) que je ne crois pas en la vie éternelle,

Petit b) que je n’avais pas de jambe cassé,

Petit c) que j’étais à peine à 3 kilomètres de la route principale, ce qui même en Équateur ne se qualifie pas comme le milieu de nulle part.

Le sable étant meuble je me dégageait sans peine de sous la moto. Par contre, le sable étant meuble (je sais je l’ai déjà dit!), je ne pouvais pas relever la bête. J’étais en train de penser à tout débarquer pour l’alléger quand un minibus est passé par là. Le chauffeur me voyant au milieu du chemin, la moto à terre a eut la présence d’esprit de me proposer de l’aide.

Une fois la moto sur ses roues, je tentais de la démarrer. Pas de courant! J’ai de prime abord penser que le fil de la batterie s’était rompu sous la violence incroyable du choc. Oui, je dramatise un peu là le choc n’était pas si violent que ça. Bon alors le fusible principal aurait pu brisé. Rapide démontage. Le fusible est fondu, comment est-ce possible? Peut importe, car le fait à retenir c’est que la semaine avant mon départ j’ai cherché en vain un fusible de rechange. Pas moyen d’en trouver un. J’étais sur le bord d’un chemin en rade et sans un petit fusible à deux dollars. Je réfléchissais à la situation quand un pick-up se pointait à son tour. Me remémorant l’épisode 14 de McGyver quand il empêche une centrale nucléaire d’exploser avec un emballage de tablette de chocolat, je demandais à mon sauveur s’il aimait le chocolat. Il n’aimait pas, mais il n’était pas idiot non plus! Il a tout de suite compris. Par chance il fumait, et me passait un bout de l’emballage de son paquet. En deux minutes j’avais roulé la feuille aluminée autour des restes du fusible et remonté la moto. Ma cheville me faisait mal, mais je pus repartir aussitôt.

En début d’après midi le ciel se faisait menaçant. Je me disais qu’à la prochaine station service je mettrai ma tenue de pluie quand j’ai frappé un mur. Un mur de grêle. Des grêlons gros comme des billes. Non seulement j’étais trempé en une minute, mais en plus ça faisait un mal de chien à chaque impact. La route est devenue toute blanche, je roulais dans les traces d’un camion. On passait deux voitures retournées dans le fossé, je ne quittais pas la trace de roues de mon camion et ne glissais pas trop.

Au premier hôtel du premier village je m’arrêtais. Pas si mal comme choix. 11$ (l’Équateur utilise le dollar américain depuis 2000) avec le petit déjeuner et l’eau chaude. Autant dire le grand luxe.

Je ne me sentais pas pour trop marcher et les taxis sont tellement bon marché ici que j’allais au centre ville en taxi passée l’averse. Pas grand-chose de remarquable à dire sur Riobamba.

Demain j’espère me lever sans trop de douleur. Est-ce qu’il y a quelqu’un qui peut me rappeler pourquoi je suis pas passé par la mer moi aussi?

Gina, sa soeur, son papa et sa maman.

Wilson, Giovanni et leur copain soudeur, se penche sur ma moto.
C'est parfois très coloré Quito.



Un des très rares bâtiments neufs du centre de Quito.
18 ans de bons et loyaux services. Mes gants commence à montrer de signes d'usure.
Tradition des fêtes, les enfants portent des masques et font des barrages sur les routes pour récupérer quelques offrandes.
Riobamba, escale du jour.






Hamburger à 1$. Il valait pas plus, honnêtement!