mardi 1 décembre 2009

Ça passe ou ça passe pas?




La journée des élections a vraiment été calme. Très calme.

Vers midi le quartier général des bleus est aussi tranquille que celui des rouges.

Il n’y a strictement rien à faire dans ce trou un dimanche férié. J’ai passé une bonne heure et demie avec mes nouveaux copains, Angel et Juan Alberto. Ils font de la résistance passive en n’allant pas voter, ils espèrent un taux d’absentéisme record, et pensent que les élections en cours n’ont aucune légitimité. Il semble que notre conversation se révéla suspecte pour trois braves représentant de la loi aux sens très affûtés. Nous fûmes victimes d’un contrôle d’identité se voulant assez intimidant. Je ne sais pas pourquoi, en temps normal c’est le genre de situation que je redoute, une peur du flic sourde que je me souviens toujours avoir eu. Mais là, même pas nerveux! En plus je n’avais pas mon passeport avec moi, ce n’est pas le mieux lors d’un contrôle d’identité. Un cirque d’une bonne vingtaine de minutes, pour finalement nous dire qu’ils étaient aux aguets car ils craignaient que des éléments perturbateurs vénézueliens ne viennent semer le trouble dans ce charmant village, dont on se doute bien de la valeur stratégique à l’échelle d’un pays comme le Honduras. C’est vrai ce n’est pas la première fois que je suis pris pour un espion venu du Venezuela, l’accent sans doute. En tout cas devant tant de perspicacité policière les citoyens du Honduras peuvent dormir tranquilles.

Le soir nous tînmes une réunion de guerre franco-canado-hollandaise à notre hôtel. Il faut dire que tous nous entendîmes dire dans la journée que la frontière pourrait ouvrir le lendemain dès six heures. Décision prise à l’unanimité, nous irions y faire un tour dès l’aube, passer un jour de moins que prévu initialement ici nous réjouissais tous.

Dans le petit matin blafard nous arrivions à la douane pour la tentative numéro deux. Il y avait encore plus de camions que samedi, mais nous les dépassâmes sans remord. Seulement quatre voitures en avant de la file, je mis la moto en premier comme j’en ai pris l’habitude. Les rumeurs allaient bon train parmi les chauffeurs de camions et les quelques policiers honduriens réunis en ces lieux. Les plus folles et les plus loufoques. Nous prîmes notre mal en patience, en faisant la conversation avec Darwin, un des ces jeunes assistant pour touristes qu’on retrouve à toutes les douanes et qu’on appelle généralement helper. Il est sympa ce jeune. Il insiste pour dire qu’il est bénévole et qu’il apprécie juste une rémunération sur une base volontaire. Aucun de nous ne pense vraiment en avoir besoin et sommes plutôt contre le principe de manière générale, les helpers servant le plus souvent les intérêts d’officiels corrompus. À sept heures trente, le Nicaragua a ouvert ses frontières. Sauf qu’aucun personnel des douanes du Honduras n’est prêt à travailler si tôt. 8 heures 15 leur paru une heure décente. Aussitôt, ce fut la foire d’empoigne. Dans une ambiance bonne enfant malgré tout. Mais un bordel monstre. Darwin était toujours dans le coin et fut recruté aussitôt. Il est vraiment rapide ce gamin. Il a ses entrées dans chaque bureau, et nos papiers passaient directement sur le dessus de la pile. Il courrait ensuite faire la queue pour nous au guichet suivant. Il n’y pas eu d’arnaque comme j’ai pu le lire sur internet pour cette frontière. Juste une pour moi, les hollandais y échappant je ne sais pourquoi. J’ai dû payer un dollar de taxe municipale pour l’entrée de la moto au Nicaragua. Une heure quinze après l’ouverture des douanes, nos roulions enfin au Nicaragua. Et quel plaisir! Le Nicaragua offre des routes en bien meilleur état que le Honduras. Passer du Guatemala au Honduras avait été aussi un choc. Le Guatemala est vraiment un pays pauvre mais alors le Honduras bat des records dans le domaine. Un record du sordide. En passant au Nicaragua on remonte d’un cran. Il faut quand même préciser que les gens que j’ai rencontré de tous les pays que j’ai traversé depuis mon départ sont d’une extrême gentillesse et tous fiers de leur pays respectifs. Plus rapide que la Jeep Wagonner 1981 des mes compagnons je filais comme la foudre sur l’asphalte brillant d’une récente averse, nous avions rendez vous sur la place centrale de Granada le soir même.

Mon projet de partir tôt le lendemain matin pour traverser au Costa Rica ne put être mis en application. Après avoir passé l’après midi dans Granada, je retrouvais les européens et un ami qu’il venaient de faire. Un américain sympa, mais dont j’ai oublié le nom. Nous fêtâmes donc nos retrouvailles de manière appropriée. Et trinquâmes au fait qu’ils furent victimes de trois tentatives de racket aux postes de contrôle policiers. Ils ne payèrent qu’une fois. Ce qui me surprend par contre c’est que sur la même route, aux 6 ou 7 contrôles que je dépassais, à chaque fois je recevais un signe désinvolte de «circuler».

Donc mon idée brillante de passer la frontière vers 9 heures a un peu souffert des rhum and coke et du coucher à deux heures et demie du matin.

Au fait c’est les bleus qui ont gagnés.

Puis j'ai fait les nouvelles de samedi. Je suis en photo dans le journal local. On voit bien les resultats de ma technique de remonter les files, je suis le premier devant la chaîne qui sépare les deux pays. Pour rien cette fois-ci, on gagne pas à chaque fois.