mardi 22 décembre 2009

J'arrive à Medellin.


«Je ne nierais pas qu’à Pearl Harbour, les japonais ont violés tous les articles du code militaire, et, que leurs préparations culinaires à base de poissons manquent d’imagination. Mais, bon sang, ils savent deux ou trois choses en matière de motocyclettes».

Hugh Laurie

Finalement nous ne sommes pas parti de Cartagena comme prévu. Marian est sous le coup de la revanche de Moctezuma qui la poursuit jusqu’en Amérique du Sud. J’en profite pour chercher en vain un rétroviseur. Ce qui m’amène à la citation de ce brave Monsieur Laurie. Je commençais à croire à l’invincibilité de ma propre motocyclette. Me répétant comme un tantra la dernière phrase de cet extrait.

Bon, allez j’exagère encore vous allez me dire. Le nouveau problème est dans le barillet du contact je pense, ou bien dans le circuit électrique qui l’alimente . Plus moyen de couper le courant avec la clef. Je suis obligé de déconnecter la batterie à chaque fois que je m’arrête. Pas forcément très commode comme procédure. Ayant constaté le peu de moyens des réparateurs locaux et Medellin étant le deuxième ville du pays je décidais de m’y rendre seul. On s’arrangerait plus tard pour que Sebastian m’y retrouve. Levé aux aurores, pour reprendre l’expression chère à Monsieur Homier-Roy, il me fallut quand même dix heures pour atteindre Medellin. Dans le processus j’ai doublé 3849 camions, dont 467 fois les mêmes pour cause d’arrêts essence, 71% sont des bétaillères. À ce propos encore une note pour moi-même : ne pas rouler la visière ouverte derrière un transport de vaches. J’ai pris une bouse dans le pare brise, si la vache avait relevé un peu en azimut j’étais bon pour me la prendre entre les dents. Je n’ai eu que deux mots à ce moment là : «La vache!».

La moitié du chemin est en montagne. Paysage de montagne magnifique, le plus beau depuis le sud du Mexique. La route aurait été presque agréable s’il n’y avait pas eu tous ces camions.

Medellin c’est grand. Très grand. Pour la première fois du voyage j’avais un contact positif pour un «couch surfing». Restait plus qu’à trouver l’endroit en question. Après quelques errances et demandes diverses (j’ai beaucoup aimé les policiers qui me recommandaient de prendre un sens unique à contre sens parce que c’était plus direct, ce que je fis sous leurs yeux protecteurs), je me décidais à payer un taxi pour me guider dans le dédale des rues.

Sur le coup je n’étais pas trop impressionné par le quartier. Avec tout ce qui se dit sur la Colombie me retrouver dans un quartier populaire de cette grande ville ne m’enchantais pas plus qu’il ne faut. Autant dire que la surprise fut de taille. Les colombiens comme les autres peuples que je rencontre depuis le Mexique vivent dans la rue. Sur les balcons et les trottoirs le jeu des chaises musicales ne s’arrête que tard dans la nuit, et la musique, elle, joue 24 heures sur 24. L’accueil qui me fut fait a été assez inédit. Pour couronner le tout Medellin venait de remporter la finale de Colombie de ballon rond qu’on frappe avec le pied. La foule était en liesse. Je faisais la connaissance de tout le quartier où réside Adriana qui me reçoit chez elle, dans le modeste appartement qu’elle occupe avec son fils de deux ans. J’ai deux cents douze invitations à dîner, on m’a offert plus de bière que je n’ai pu en boire, on est allé me chercher un prof de l’université qui parle français pour que je puisse pratiquer un peu ma langue maternelle, et je suis supposé me rendre chez une demie douzaine de mécaniciens moto dès le matin suivant. Les gens m’ont racontés des tas d’histoires dont je n’ai compris que la moitié la plupart du temps, ma connaissance déficiente de la langue ibérique en étant la cause. Mais les colombiens sont incroyablement sympathiques et généreux. Surtout ils aiment leur pays et sont en colère de voir que les quelques exactions de la guérilla et des narco trafiquants nuisent tant à l’ouverture vers l’extérieur et ils détestent Hugo Chavez qu’ils accusent (je ne dis pas que c’est à tort) d’entretenir la guérilla. Je suis entouré de gens qui vivent dans une pauvreté qui n’a rien de relative et offrent sans arrière pensées ce qu’ils ont.


Aux contrôles militaires chaque passagers des bus est fouillé, puis leurs bagages vidés sur les bord de la route.

Dans Santa Marta.
Oupsssss! Un nid de poule.
Une bétaillère (à l'arrière plan pour ceux qui auraient des doutes!).
Rio Cauca, en route vers Medellin.


L'eau qui s'écoule de la montagne est canalisée et utilisée entre autre pour le nettoyage des camions, un moyen pour les riverains de gagner leur vie.

Arrivé à la Mota dans Medellin, soirée de victoire de l'équipe locale.
Dernier soir à Caratagena.