dimanche 25 octobre 2009

Antigua, jour 1

Je suis à Antigua. Pour y arriver, j’ai fait 6 heures 30 de bus, passer une nuit à Albuquerque, 14 heures dans des avions et aéroports, et 50 minutes de voiture. Le bus ne fut pas le plus agréable des trajets. J’ai pris le Los Angeles-Dallas de nuit, ce qui veut dire que rendu au Nouveau Mexique, l’odeur qui règne dans cette carlingue sur roues est sinon totalement délétère, du moins un peu lourde. La fermentation et la macération humaines laissant au nouvel arrivant que je fus par ce petit matin blafard une envie de vomir assez tenace. Peut-être aussi parce que j’ai brièvement eu un coup de panique en me demandant ce que je ferais si toutes mes affaires étaient volées dans le magasin pendant mon absence.

Ajoutant, sans doute ma touche personnelle à l’atmosphère confinée de l’autobus, je ne senti au bout d’un moment plus rien, et fis bientôt corps avec ces tonnes de métal que nous phagocytions en cœur.

Albuquerque m’a vraiment impressionné par son excellent système de transport en commun. Le Greyhound arrive dans le terminal des transports de la ville. Où se trouvent la gare Amtrak et les bus de la ville. Me rendre à l’aéroport fut facile. Je croyais naïvement y trouver un hôtel pas trop cher. J’ai été bon pour retourner en ville!

Alors que je déambulais avec le but plus ou moins affirmé de trouver un restaurant, j’ai cru bon d’arrêter au passage un citoyen pas trop pressé. Sympa, il me dit que c’est dur à expliquer mais qu’il va m’accompagner. On commence donc à discuter, et fait amusant, Jeffrey (c’est son nom!), est rentré d’un tour du monde de 5 mois samedi dernier. Finalement on a mangés ensemble. La soirée fut finalement plus distrayante que je ne m’y attendais.

Un Pulled Pork entre deux avions, je sais pas qui l'a tiré ce porc, mais qu'est-ce que c'était bon. Surprenant.

Arrivé à Guatemala de nuit est relativement impressionnant. La circulation y est intense, le bruit et la pollution omniprésents. Averti des risques de prendre le bus dans ce coin et de plus de nuit, je pensais plutôt prendre un taxi. Durant le vol, vers Guatemala ma voisine de siège qui venait visiter sa maman au pays m’a un peu refroidie sur les taxis en m’invitant à la plus grande méfiance car les arnaques de touristes étaient fréquentes. Je ne pense pas que le risque eut été énorme avec un taxi de la compagnie la plus représentée à l’aéroport, cependant je me payais le luxe (très abordable) d’une limousine. Prix fixé avant la départ, je dégustais avec ravissement le dépaysement total de la traversée nocturne de Guatemala dans une Mercedes 450 SL 1986 avec 430000 kilomètres au compteur. Je sais, James Bond a déjà eu des problèmes alors qu’il arrivait dans un aéroport inconnu et se laissait conduire au bon soin d’une limousine paraissant pourtant des plus fiables. Mais, j’étais totalement incognito et ma couverture ne semblait pas compromise.

Antigua est une ville aux restants coloniaux omniprésents. C’est propre, on s’y sent en sécurité, c’est aussi plein de hollandais, de canadiens, d’américains, de britanniques, d’allemands, et de moustiques extrêmement furtifs et néanmoins très voraces.

Que le fait qu’il y ait autant d’étrangers nuise à la fraîcheur de l’expérience est bien possible. Mais par contre, il règne ici une atmosphère vraiment très détendue. Les gens se parlent spontanément sans même avoir à invoquer de raison valable. Faisant moi-même partie des gens, j’ai ainsi rencontré Anina, Steven, Sophie, Clara, un Israélien très sympa dont j’ai, je m’en excuse, oublié le nom… Ils ont tous des histoires personnelles intéressantes qui les ont amenés dans ce coin du monde. Les rencontrer quelques minutes et échanger sur les circonstances qui nous ont chacun conduits ici est une expérience étonnante.

Antigua regorge de bar et des restos qu’il convient d’appeler «branchés» afin de satisfaire sa faune jeune et dynamique, qu’elle soit locale ou non. Les Happy-hour sont donc ainsi la norme. Je n’aurais pas parlé avec Bonnie, américaine de Californie du nord, si elle n’avait été malvoyante. Faisant ressortir le bon Samaritain en moi, je lui proposais de l’aider à traverser la rue. Elle a un jour décidé qu’elle en avait marre de travailler tous les jours pour une raison qui lui échappait de plus en plus en plus. Elle a vendue tous ses biens, largué son appartement et présentement passe 5 mois à Antigua pour y apprendre l’espagnol. L’heure du fameux happy-hour approchant elle me proposait de me joindre à elle et une de ses amies qu’elle allait rencontrer. Antigua est construite selon un plan simple. C’est un rectangle quadrillé de rues parfaitement droites se coupant à angles droits, sauf celles qui sont parallèles, cela va de soit. Paradoxalement il est facile de s’y perdre car il n’y a quasiment pas de panneaux sur les rues. Le système est assez simple pourtant, les rues qui vont dans la direction nord-sud s’appellent Avenidas, et celles orientées est-ouest Calles, avec un numéro croissant vers le sud et vers l’ouest. C’est très surprenant de voir que Bonnie sait à tout moment où elle se trouve, son cerveau étant parfaitement organisé pour compenser son handicap, contrairement au mien qui semble refuser de compter les rues et garder un sens quelconque des directions. Nous avons retrouvés Julie au Portal De Las Fuentes. Il faut croire que j’étais d’humeur à parler à tout le monde ce jour là car j’ai sympathisé avec les propriétaires, Anika et Sergio, qui m’ont offert une tournée, peu être plus j'ai un peu perdu le compte à un certain moment. Bref la soirée fut très plaisante, et un peu trop arrosée. Aujourd’hui, j’ai donc passé la journée recroquevillé dans mon lit avec une des pires gueules de bois que je n’ai jamais eu. Sans doute un effet de l’altitude. 1530 mètres.

Demain je me remets à l’exploration, et à la sobriété que je n’aurais pas dû abandonner. Je ne suis sorti de ma retraite monacale que pour écrire ce message du bar à rhum au coin de la rue, un jus d’orange bienfaisant à mes côtés.