lundi 12 octobre 2009

Arrivée à Dallas

Je suis bien arrivé à Dallas. Trempé mais bien arrivé!
Ma première mission de dimanche matin avant le départ a été de changer tout le chargement de mes valises. Un peu échaudé par la chute de la moto de la veille, je voulais prévenir un peu ce genre d'incident. Bon maintenant la gauche est bien plus lourde que l'autre, et la moto un peu plus stable sur la béquille. Après ça ce fut une autre journée sur la selle. 966 kilomètres, si je tiens ce rythme là, je serais à Ushuaia pour Noël et de retour pour la fête de rois!
Pas d'arrêt photo non plus dans la journée. Les paysages étant assez peu spectaculaires le long des autoroutes. Souvent entre deux rangées d'arbres, parfois le long de champs de maïs, en arrivant en Arkansas, de coton. Puis bientôt le long de prairies où paissent d'affables bovins pas trop perturbés par mon passage. De toute façon en voyant ces prairies j'ai un peu ralenti l'allure, j'avais peur de voir Charles Ingalls traverser sans regarder!
Pour une raison qui m'échappe un peu je n'ai pas l'impression d'avoir commencer mon voyage. Oui, je suis parti, mais je n'arrive pas à me dire «C'est parti, je suis en route vers l'Amérique du Sud». Est-ce parce que j'ai déjà fait des milliers de kilomètres aux USA auparavant, aussi bien en voiture qu'à moto? Que tous les états traversés depuis le départ j'y suis déjà allé?
Pas certain. Je me disais hier que peut-être passer la «continental divide» sera un point tournant, que là je serais sur un autre bord du continent.
Bref, la journée a été assez tranquille. Un peu de nostalgie en conduisant à travers le Missouri, pour moi synonyme de Jack Kérouac. Surtout car je l'ai découvert quand je résidais dans cet état. J'avais pris, un peu par dépit un exemplaire d'un de ses livres à la bibliothèque de l'université où je distillais plus que ne dispensais mon imparfaite connaissance des subtilités de la langue française à quelques élèves pas forcément captivés (on les comprend!). Kérouac est mort, jour pour jour, 6 mois après ma naissance, j'y ai vu un signe. Le monde était trop petit et ne pouvait supporter qu'un certain nombre de clochards célestes. Forcément hier, je traçais un parallèle un peu tiré par les cheveux, la famille Kérouac venait du Canada, il est parti vers le Pacifique, c'est heurté à ce mur liquide et du coup c'est dirigé au sud vers le Mexique. Bon, il y a des similitudes quand même. Je vais aller vers San Diego avant le Mexique voir cette côte pacifique. Pas de train de nuit pour moi, mais une moto de jour!
Petite pause Subway dans une station service vers midi. Une soixantaine de bikers patchés jusqu'aux oreilles est arrivée alors que je finissais le remplissage de mon essence. Il m'ont soigneusement ignorés. D'après leur patchs ils appartenaient à trois club différents, et le bruit de leur pots m'a fait me sentir un peu seul sur mon brûleur de riz d'un seul coup!

Alors que je vérifiais mon huile ils s'apprêtaient à repartir et quelques uns d'entre eux s'apprêtaient à pousser une des Harley qui ne partait pas. Moi, juste à côté, je leur propose mes câbles de survoltage. Ils ont bien appréciés, m'ont remerciés chaleureusement. Bon c'était pas la batterie mais le démarreur, alors ils ont poussés pareil! Mais du coup on est devenu potes. Ils m'ont posés des questions sur mon voyage, et au moment de partir celui qui avait des problèmes de démarrage m'a lancé un «good luck, Bro!».

Manger frais!


50 Kilomètres avant Dallas la pluie à commencée. Pas de la petite pluie comme pour mon arrivée à Detroit. Non de la grosse, bien dense. Les embouteillages de Dallas sous la pluie torrentielle, et sans ralenti (les vibrations l'ont fait bouger, et il faut démonter carénage, réservoir et selle pour le régler) c'est pas trop la joie.
Mais bon je suis bien arrivé chez Denis et Coralee. Avec Denis notre amitié remonte à presque 20 ans. J'habitais Dallas et cherchais en urgence à changer d'appartement suite à une incompatibilité d'humeur assez vive avec ma colocataire. J'ai rencontré un gars par hasard qui m'a dit qu'il partait deux jours plus tard et qu'il n'avait personne pour reprendre sa part du bail. C'est comme ça que nous sommes, Denis et moi, devenus colocataires. Tout de suite nous avions de points d'intérêts communs. La moto, la course à pied, le ski, le parachutisme...
Mais dans tous ces domaines, je devais l'appeler maître, car malgré ses 20 ans de plus que moi, il n'y avait qu'à voir comme je tirais la langue pour le suivre quand tous les jours on rentrait de notre course à pied matinale. Nous ne nous voyons pas souvent, mais avec les années et le hasard on se rencontre au canada pour un spectacle, sur les pentes de ski de l'Utah ou du Colorado, sur une péniche sur les berges de la Seine...

Donc, une petite halte à Dallas le temps de bricoler un peu la moto, avant de reprendre la route vers l'ouest.

Denis, le professeur corrige ses copies.

Une moto qui vient de se trouver une nouvelle copine et un garage pour se sécher.