jeudi 29 octobre 2009

Vive le paganisme






Il fallait que je m’y mette quand même. Donc, j’ai pris mon premier cours d’espagnol. Quatre heures ne sont pas suffisantes pour devenir totalement bilingue, mais ça ne peut pas nuire non plus! Je vais ajouter des mots à mon vocabulaire a peu près limité pour le moment à : bière, vin rouge et quesadillas.

Hier après midi après la classe, je me suis dit que c’était une bonne idée de laver mon linge. Je vous laisse entrer un instant dans les secrets arcanes des conditions qui sont celles des motards en voyage. En gros, deux sous-vêtements, deux T-shirts, une chemise, un pantalon. L’alternative qui s’offre à nous est assez simple : laver souvent ou faire supporter aux autres le délicat fumet de nos errances quotidiennes. Pour le moment, je me sens rempli de courage, et surtout de respect pour mon prochain et la sensibilité de son odorat, je lave souvent. Donc, je profitais du lavoir extérieur de la maison qui m’accueille, vêtu d’un short, pour faire tremper un peu tout le reste de mon trousseau vestimentaire quand la pluie a commencée. Pas la petite pluie qui crachine en douceur, ni la pluie de passage qui dit un petit bonjour rafraîchissant avant d’aller voir ailleurs. Non! La bonne grosse pluie tropicale qui s’abat sans prévenir au moment où tu l’attends le moins. En plus elle eut l’heur de durer tout l’après midi. Je ne sais pas vous, mais moi c’est le genre de temps qui me rend totalement léthargique. J’ai pris deux ou trois photos des fleurs sous la pluie(voir plus haut), c’est toujours beau et éveille mon côté romantique profondément enfoui pour une minute, ce qui est bon à prendre. Si seulement Rimbaud avait connu la photographie digitale, le monde serait différent aujourd’hui.

Je ne veux pas passer pour la petite princesse pourrie gâtée, mais je n’ai pas pu m’en empêcher, je me suis rendu compte que je n’avais rien à me mettre. Dans mon cas, ce n’est pas tout à fait vrai non plus, il me restait un short. Point! C’est peu pour ne pas se faire arrêter pour attentat à la pudeur. Même au Guatemala. Olga, la propriétaire de la maison m’a passée le moins féminin des chandails qu’elle à trouvé dans sa garde robe (du moins c’est ce qu’elle prétend!). Les petites fleurs blanches et le col en dentelle, ont définitivement mis un terme à la moindre velléité qui aurait pu subsister en moi de sortir me promener à la fin de l’averse. Ne demander pas, j’ai pris bien soin qu’il n’y ait pas de photo immortalisant ce moment.

Avant-hier j’ai rencontré Kip. C’est lui qui a entamé la conversation. Il est américain et très ouvert et sympa, cultivé aussi. Qui a dit «c’est pas possible?». Prof d’espagnol de profession. Il m’a parlé de la célébration qui aurait lieu aujourd’hui et j’ai trouvé cela très intéressant.

C’est le jour de Maximon (prononcer : machimone). Un dieu païen qui ici est associé à des rites plus ou moins chrétiens. L’église officielle rejette en bloc, bien sûr, ces croyances. Nous sommes allés ensemble dans la capital de la croyance vouée à Maximon, San Andrès De Itzapa. Une chance que Kip parle bien l’espagnol. C’est pas la porte à côté et il y a un changement de bus au milieu de nulle part. Contrairement à dimanche, là, j’ai découvert le vrai côté des voyages en bus locaux. Dans un bus 36 places on peut mettre 86 personnes et 19 poules. Un moment, nous étions 5 sur la banquette de 2 où je me trouvais assis. Cool!

Il est préférable de ne pas souffrir du mal des transports, et avoir soigneusement tartiné ses aisselles de déodorant, car la sueur est aussi garantie que les secousses.

Pour en revenir à Maximon. Il y a plusieurs cérémonies qui se tiennent un peu partout au pays, orientées pour les touristes. Les chamans revêtent de beaux costumes colorés, les femmes chantent des chansons folkloriques, les enfants dansent en tirant des fils de couleurs attachés à des sacs en plastique du supermarché local. Et bien, ce n’est pas du tout ce genre d'attrape touristes que Kip voulait voir. Un point de vue que je partage intégralement.

On a pas été déçu! Nous ne vîmes guère d’autres gringos. Nous ne nous sentîmes pas non plus menacés ou en danger pour autant, ou alors nous sommes tout les deux totalement inconscients, ce que je ne crois pas une seconde. Maximon est un blanc vêtu d’un costume noir, et un fumeur invétéré. Chaque statuette le représentant à une clope au bec. Les chamans brûlent des chandelles, dont la couleur signifie la demande faite à l’idole, et crachent du rhum sur le feu . Des cercles de feu sont allumés ici et là, entourés de sucre et de rhum. Il y a des purifications avec de la fumée de cigare et des incantations diverses. Le nombre de participants saouls ou complètement défoncés est assez élevé. Nous espérions, plus ou moins secrètement, assister à un sacrifice de poulet ou autre gallinacé, mais pas de chance sur ce coup là, point de sacrifice pour le plaisir des gentils gringos.

Ce fut une expérience très intéressante quand même, assez éloignée des sentiers touristiques.

Ce chaman est un travesti :

Kip nous la joue «reporter sans frontière»

Kip apprécie la bière locale.