lundi 26 octobre 2009

Ciudad Vieja

Dimanche. Bon j’ai honte, je ne suis pas allé à l’église ce matin. Je crois qu’il vaut mieux qu’on se mette d’accord tout de suite, je suis bien parti pour finir en enfer. Mais ce serait mieux un peu plus tard si j'avais le choix.

Vendredi soir, avant que je ne plonge dans d’insondables abîmes aux vapeurs alcoolisées je me souviens bien que j’avais fixé rendez vous ce matin avec Bonnie et Julie pour aller visiter Ciudad Vieja, la première capitale de la république du Guatemala. J’avais oublié le nom de l’endroit du rendez-vous, mais pas comment m’y rendre. C’est un petit restaurant qui fait des déjeuners incroyables. Dans le cas présent c’était plus un brunch qu’un petit déjeuner. Jus frais, fruits, omelette à se rouler par terre, bananes frites, pommes de terres aux piments…Bonnie et Julie étaient déjà là. Et je n’ai pas versé une larme en apprenant que je n’étais pas le seul à avoir eu un lendemain de veille un peu embrumé après nos petits excès alcooliques de vendredi. Il est même possible que j’ai vaguement menti, ou du moins embelli la vérité en prétendant que finalement moi, je m’en étais très bien remis de cette soirée bien arrosée!!!Nous prîmes le bus local. Je ne connais que l’expression anglaise qui les désignent comme étant des «chicken bus», bus à poulets. On devine aisément pourquoi. On a tous vu ça dans les films. Hélas pour le côté pittoresque, et tant mieux pour mes narines, il n’y avait pas de poulets ni de chèvres ou autre animal destinés à finir dans une assiette bien garnie, en notre compagnie ce matin là. Ciudad Vieja est très différente d’Antigua. Pas de touristes ici. C’est beaucoup plus couleur locale.

Le ballon rond est omniprésent en Amérique Latine, et les spectateurs ont l’air de prendre les parties dominicales très au sérieux.

Julie est une photographe professionnelle. Donc pour une fois, je vais mettre des photos un peu plus réussies que celles auxquelles vous êtes habitués, ça va compenser la déficience de mon côté artistique. J’ai passé mon appareil photo à Julie pour la visite du cimetière. Il y avait des enfants jouant entre les tombes. On a eu une petite conversation avec eux. Il semblerait que je sois celui de nous trois qui comprenne le mieux l’espagnol. Mais le cerveau fait des choses bizarres des fois. Les gamins du cimetière nous disaient que si nous marchions sur les buttes de terre qui surmontent les tombes, nous serions attrapés par les morts qui sortent les mains de terre pour saisir les pieds des passants. Je traduisais donc aux deux américaines les propos de nos petits rigolos. Et je ne me suis pas rendu compte que je traduisais en français. Mais alors pas du tout! Bonnie m’a dit «on comprend rien»(en anglais), j’ai répondu «ben je viens juste de vous le traduire», «I believe that was in french!». Le pire c’est que je l’ai fait encore deux ou trois fois après ça sans me rendre compte. Il faut que dans mon cerveau l’information soit traitée de l’espagnol en français et que fasse l’effort de rajouter une étape pour sortir la version anglaise. Bizarre!

Nous fûmes surpris de voir qu’après ça les enfants se lançaient des défis et courraient sur les tombes pour voir si les morts allaient tentés de les attraper. Non pas que je crois que les morts allaient vraiment sortir de terre, mais que, dans un pays catholique, ils respecteraient un peu plus les sépultures.

Il y avait aussi deux jeunes, sûrement pas passionnés de soccer qui fumaient un joint perchés sur un tombeau. L’un deux fit l’effort d’en descendre pour nous dire que c’était interdit de se promener et prendre des photos dans les cimetières. Il nous fallait donc payer 10 Quetzales par personne (1,20$). Bien sûr, nous fûmes très embarrassés d’avoir enfreint cette règle que nous ne connaissions pas. Mais étant personnellement très peu généreux de nature, j’ai félicité notre nouvel ami pour son sens de l’humour et je lui ai dit de retourner se défoncer avec son pote. Ce qu’il fit en traînant les pieds. Meilleure chance la prochaine fois.

Petite pause dans un charmant petit boui-boui On ne peut qu’aimer un pays où les serveurs des restaurants ont 12 ans et sont si mignons et polis que Sergio. Au passage, on prend aussi l’ampleur de la pauvreté quand on remarque qu’aux toilettes le rouleau de papier hygiénique est retenu en place par deux cadenas.

Note pour moi-même : ne plus revoir ces deux américaines. Bien que charmantes, elles ne me portent pas chance. Après avoir mal supporté ma soirée trop avinée de vendredi, je me suis payé des méchants coups de soleil dimanche. Pas idéal pour camoufler mon état de gringo touriste premier degré. Déjà que malgré ma petite taille je fais une bonne tête de plus que le Guatémaltèque moyen, maintenant je suis blanc immaculée conception avec tâches rouges camion de pompier assorties, me manque que le gyrophare.

Je suis quand même très impressionné par une personne comme Bonnie. Ne voyant pas son environnement, elle utilise d’autres sens pour visiter. Nous, voyants, on pourrait penser que tout est pareil pour les non-voyants, mais ce n’est pas le cas du tout. Odorat et ouïe, sont autant de sens que nous négligeons au profit de notre vue, elle perçoit des subtilités dans les différents endroits qui nous échappent totalement.

De retour en ville je me suis mis à la recherche d’un bon petit restaurant, ce qui ne manque pas par ici. C’est ainsi que j’ai rencontré Dee et Diane. Elles sont originaires de Chicago. Dee à vécut à Montréal et habite ici depuis 17 ans. Elles ont respectivement 66 et 71 ans, et une pêche d’enfer les mamies! Ce sont des hippies dans l’âme. Franchement marrantes. Elles m’ont conviées à les suivre dans leur resto favori, La Pena De Sol Latino. Ce soir il y a un groupe live. Dee, était follement amoureuse du leader du groupe qui, lorsqu’elle est arrivée au Guatemala se produisait déjà ici avec son groupe de musique péruvienne. Comme Dee dit (oui, j’ose la faire celle là!) : «c’était il y a 17 ans, ils jouaient dans le rue. C’était surtout quand il faisait 30 kilos de moins!».

Encore une fois, le repas fut excellent, et je n’ai bu que de l’eau. Le proprio de l’endroit a ouvert parce qu’il aime jouer des percussions. Il invite des groupes à se produire dans son restaurant et joue en leur compagnie. Et c’est assez évident à la voir qu’il s’éclate comme un fou.


La seule Harley que j'ai vu pour le moment. Elle fait partie de l'escadre qui garde la résidence du Vice-Président de la république. D'habitude les policiers chevauchent de fougueuses 200 c.c. à deux, celui en arrière portant un fusil à canon scié. Rassurant!

Bon, il et temps que je me mette à faire de l’espagnol moi, je pratique surtout mon anglais ces temps-ci...