samedi 10 octobre 2009

c'est parti

Bien oui, c’est une chose faite. J’ai mis les bouts. Ça fait même trois jours de cela, alors forcément du coup, là, je ne sais pas comment raconter. L’ordre chronologique est-il plus approprié? Je ne sais pas, mais c’est le plus facile pour moi, alors allons-y pour la chronologie.

Jeudi après une extraction fort matinale de mon douillet dodo et un lent réveil devant mon bol de chocolat chaud je fus pris au dépourvu par le dos de ma boîte de céréales. Celui-ci prétendait que, je cite : «le bien-être n’est pas une course, c’est un chemin à suivre».

C’est le genre de message, à l’aube même de mon départ en voyage, qui, à moi me parle. Ben surtout à six heures du matin avant la première gorgée de chocolat. Parce que, après y avoir pensé douze minutes et réalisé que c’était l’œuvre d’un pauvre gars du marketing qui n’aura sûrement jamais la reconnaissance qu’il mérite, je pus enfin passer à la phase deux de la journée, aller me raser. C’est alors que toute la maisonnée, aussi réveillée, a constaté la présence de la voiture de Gustavo sur le trottoir devant la maison. Je salue ici le dévouement d’un ami très cher, qui pour pouvoir me dire un dernier au revoir avant mon départ et n’étant pas certain de l’heure de celui-ci n’a pas hésité à camper devant ma porte une partie de la nuit. Merci à toi de cette belle preuve d’amitié.

Donc, départ ému à 7 heures 07 précises, mes deux garçons sur le trottoir, je vous aime les gars.

J’ai réussi mon premier défi. Celui que je m’étais fixé dès le départ et qu’en fouillant bien vous retrouverez dans un message précédent : passer le pont de l’Île Aux Tourtes. Mission accomplie en 12 minutes exactement. J’étais bien lancé alors je me suis dit autant continuer. C’est comme ça que 927 kilomètres plus tard j’arrivais pour le souper chez Raj et Sylvaine à Detroit. Le seul incident marquant se présenta aux alentours de Kingston sous la forme d’un pneu apparaissant soudain dans mon rétroviseur droit. Avec une clairvoyance remarquable, je concluais en moins de dix secondes que la seule possibilité pour qu’un pneu de même profil que celui que j’avais accroché en arrière se trouve pendu sur le côté de mon top case était que la sangle qui retenait mon pneu depuis le départ avait lâchée. Cette conclusion, qui pour faire mentir la théorie de Sherlock Holmes, était la plus évidente, c’est révélée vraie quelques secondes plus tard. C’est la dernière fois que j’investi trois dollars chez Canadian Tire pour une sangle aussi inutile!

Les douanes sont passées comme un charme. Enfin, après que j’eu remonter la file de camions qui attendaient en ligne sur l’unique voie ouverte de l’autoroute à Sarnia. Bonne idée de remonter la file, elle faisait 8 kilomètres de long. Arrivé aux guérites des douanes après le pont à péage il n’y avait qu’une voiture devant moi.

Pour en revenir à ma première destination, j’ai été tellement bien accueilli que finalement j’ai abusé de leur hospitalité toute la journée suivante. Et j’ai pu ainsi rester pour l’anniversaire de Patrick, 5 ans, je ne pouvais pas rater ça, ni le gâteau au chocolat qui allait avec.

Merci Sylvaine et Raj, et à vos quatre enfants, vous avez été vraiment d’excellents hôtes, et j’espère que l’on vous recevra tous à Montréal bientôt.

La journée à Detroit fut pluvieuse, et hélas un problème avec mon ordinateur ne m’a pas permis de mettre à jour le blog plus tôt qu’aujourd’hui, jour trois de mon voyage.

J’ai quitté la banlieue de Detroit vers 9 heures, ai eu droit à trois embouteillages et une bonne heure dans le brouillard qui m'a glacé jusqu'aux os, avant que le soleil ne perce les nuages bas et vienne me réchauffer un peu. J’étais bien loin de la maison et un peu détendu par le fait que même si j’allumais un poste de radio je ne courrais plus le risque de tomber sur une émission de Véronique Cloutier. Et encore pire, depuis que quelqu’un a eu l’idée de lui adjoindre la deuxième personne la plus énervante du paysage radiophonique de Montréal : Josée.

La route est passablement monotone et les occasions de faire des photos ne furent guère nombreuses. J’ai donc roulé la majeure partie de la journée, ponctuée par les arrêts nécessaires au remplissage du réservoir d’essence. Soucieux de ne pas gaspiller du temps pour rien, je groupais allégrement les arrêts essence avec pipi, boire, manger. Pas forcément dans cet ordre, mais en me lavant les mains entre chaque.

Un McChicken, l’ami du motard pressé.

Le seul arrêt notoire fut pour le coucher de soleil qui valut bien que je quitte l’autoroute.

Par contre le froid c’est fait de nouveau assez vif aussitôt que je reparti dans la nuit tombante. J’ai quand même roulé jusque passé 20H30, le temps de trouver un motel avec accès internet le moins cher possible, je rentrais dans ma chambrette vers 21 Heures dans un motel miteux, le moins cher des trois du coin et malgré tout bien trop cher pour les aménités offertes, et l’odeur de cigarette imprégnée dans la tapis qui vient avec.

Fait notable ce motel est aussi le témoin de la première chute de la moto. Le déport de la valise droite dû au pot d’échappement et le poids total du chargement fait que sur la béquille la moto est presque droite, et avec le moindre dénivelé elle penche même du côté opposé. C’est ce qui est arrivé ici, je venais de descendre et me dirigeais vers le guichet vitré lorsqu’un bruit assez facile à identifié m’a obligé à me retourner. Le bidon d’essence supplémentaire (vide!) et la valise ont amorti le choc, et bien que je n’ai regardé que rapidement je ne vois pas de dégâts.

Donc bilan de la journée, deuxième passée dans la selle, une chute de la moto, mais pas de moi, et 997 kilomètres de parcourus, si j’y avais pensé j’en aurais fait trois de plus.

Pour l’instant donc tout va bien. La route tient ses promesses. En chercheur d’emploi à la maison je tourne en rond, mais pire encore ma pensée tourne sur elle-même, à vide. Sur la moto, le ruban d’asphalte qui défile sous les roues imprime son sens à la pensée, elle devient linéaire, tend vers un but.


Demain, direction Dallas.