La veille, Denis et Coralee étaient tellement contents que je reprenne la route qu'ils ont ouverts le Champagne. Faut dire qu'on avait déjà assassiné le Cognac et fait un sale tour à la bouteille d'absinthe.
Je me suis levé à 6H20. Matin de brouillard, plutôt humide et tiède cette journée qui s'annonce. Donc, je dis au revoir à mes amis qui partent au travail. Comme le temps n'était pas idéal et que je n'étais pas si pressé que ça, je me recouche jusqu'à 9 heures. Départ 10H00 vers l'ouest. Le soleil perce bientôt à travers le brouillard, et la température monte. Pour la première fois du voyage, je n'ai pas froid, et vers 11H00, je retire même une couche.
L'ouest du Texas est venteux, je le savais déjà. Ce que j'ignorais c'est que depuis mon dernier passage, des centaines d'éoliennes ont fleuries le paysage. De toutes parts et à perte de vue elles battent mollement leurs immenses pales dans la tiédeur texane. Tiédeur n'est bientôt plus le terme approprié car il fait 33 degrés.
Elles sont bien droites les autoroutes du Texas.
En fin d'après midi, je fais une petite pause dans une station service récemment abandonnée et me dit que d'ici 50 kilomètres je me mets à la recherche d'un camping.
Plan établi, je tente de redémarrer la moto. Rien. La batterie semble vidée. En traversant la rue je demande à un bon samaritain si cela ne la dérangerait pas de traverser avec son 4X4 et donner un petit survoltage à ma batterie. Donc, je repars un peu inquiet, et me demandant ce qui a pu décharger la batterie, et considère mes options, comme aller jusqu'à une ville importante qui aurait des services mécaniques. Mais mes élucubrations sont interrompues, alors qu'à l'ouest s'esquissent les premiers linéaments des montagnes rocheuses. Au moment où je mets mon clignotant pour doubler un camion à chaque éclairage de l'ampoule, le moteur étouffe. Puis d'un coup s'arrête. La batterie semble vidée pour de bon car le voyant de point mort ne s'allume même pas.
Par chance, je suis à quelques kilomètres de la prochaine sortie de l'autoroute, et je pousse la moto sur cette distance qui parait un peu plus longue quand on pousse 350 kilos d'équipement par plus de 30 degrés. Le premier motel et sa bienfaisante douche m'accueillent pour la nuit. Alors, le problème à première vue est électrique. Alternateur, régulateur et court circuit, sont sur ma liste potentielle de candidats. Je consulte l'annuaire et fais quelques recherches sur internet, pas de mécanique moto dans les environs. Mais les USA étant ce qu'ils sont, je trouve à environ un kilomètre de l'hotel un Wal Mart ouvert 24 Heures sur 24, une chance car il est déjà minuit. Après reflexion, je décide d'y aller et me procure un multimètre, une chargeur de batterie et de l'eau distillée, j'ai un régulateur de rechange, commençons par ça.
Deux des cellules de la batterie sont un peu basses et je refais le niveau. GROSSE déception, lorsque je vérifie le voltage de la batterie : 12 volts. Je crois qu'on peut éliminer l'alternateur de la liste des suspects!
Faut que j'y pense là. Dormir, et voir demain matin quelles sont mes options. Pour le moment je ne vois que faire remorquer la moto dans un garage automobile, ce qui doit bien se trouver même dans le trou où je suis présentement. La fin ou pas la fin du voyage, ce sera à suivre au prochain épisode.
