lundi 11 janvier 2010

Entre ciel et eau.


De bonne heure nous commençons l’ascension vers les Andes et ces hauts plateaux. Ce qui frappe dans le décor c’est surtout le sentiment de désolation qui se dégage de ces immensités. Sans végétation, au relief dont on a peine à deviner qu’il monte vers des altitudes vertigineuses, plus de 4500 mètres par où nous passerons, tant le gigantisme semble gommer le relief, les contreforts andins m’impressionnent énormément. Je me sens vraiment ridiculement petit, mon insignifiance dans ce monde encore plus flagrante en ce jour.

La route est un long serpent caressant les côtes avenantes et généreuses de la terre et nous élèvent vers les cieux. Cieux de plus en plus couverts d’ailleurs. La température chute de manière drastique et le ciel devient d’un noir qui ne semble pas annoncer que des bonnes nouvelles pour les motards que nous sommes. De lourds nuages d’orage, tels des vestales furieuses nous bouchent le ciel et l’horizon. Le déchaînement que pris le dieu du mauvais temps pour nous accueillir fut exemplaire, faut lui donner ça. Pluie, brouillard, froid, neige, grêle. On a tout eu!

En voyant une voiture à au moins dix mètres de la route retournée sur le côté je me suis demandé comment elle était arrivée là. Pas longtemps! J’ai commencé à partir en travers, en bon habitué des hivers québécois, j’ai eu le réflexe de ne rien faire. J’étais sur une couche de glace, empilement de grêlons fraîchement tombés. Je continuais sur ma lancée un bon 10 minutes avant de noter que je ne voyais plus les phares de la moto de mon ami dans mon rétroviseur. Je m’arrêtais sur le bas côté en me disant qu’il prenait sûrement des photos. Un camion qui passait par là a fini par m’annoncer qu’il était tombé. Demi tour pour la mission sauvetage. Il n’y a pas eu grand-chose à sauver. Deux camionneurs sympas avaient fait le boulot et sorti la Suzuki du fossé où, après un petit tout droit sur la glace, elle était allé se planter dans 50 centimètres d’eau boueuse. Rien de cassé, on repartait tranquille. Transis de froid un petit arrêt dans un village andin fut bienvenu. Café et conversation avec les propriétaires du magasin général nous réchauffaient et nous profitions de cette pause pour changer chaussettes et gants mouillés et acheter un peu d’essence au revendeur local qui stocke directement des fûts dans son salon.

Cette huitième journée de pluie fut la plus pénible du voyage, encore un record de battu. Nous n’arrivions pas à notre étape prévue pour la journée : Cusco.

À la nuit tombante, toujours sous la pluie nous arrivions à Abancay. Sebastian était trempé de la tête au pied. Moi je voyage pas léger mais j’ai un bon équipement et hormis les pieds mouillés (j’ai pas mis mes sur-bottes par paresse en me disant que ce ne serait pas si mauvais comme météo!) j’étais sec et presque au chaud. Enfin, je n’étais pas non plus aller me baigner dans un fossé.

Pour changer, j'ai des problèmes avec la moto. Par trois fois le moteur a connu des ratés et s'est arrêté. Il est reparti avec difficultés quelques minutes plus tard. Qu'est ce que cela me réserve encore? Je doute une nouvelle fois de je me rendre en Terre de Feu avec cette moto.