lundi 25 janvier 2010

La frontière fantôme.



Nous avions trois solutions pour quitter Uyuni vers le Chili. Rendu deux, nous avions finalement décidés de faire route directement vers l’ouest plutôt que vers le sud et l’Argentine.

Une partie du salar pour rejoindre la route du nord. La route du nord depuis Uyuni. La route du sud.

Le salar on l’avait fait, et même si cela aurait été bien d’avoir de photos des motos dans le sel, nous avions bien envie de voir la Laguna Colorada, envie qui nous dictait plutôt la route du sud. Celle-ci était parait-il difficile et il y à un col à 4882 mètres avant de passer au Chili. Nous nous sentions près pour une bonne journée. Ce n’était pas le cas de la KLR. Nous savions déjà que son carburateur ne supportait pas bien l’altitude, nous en avions eu un aperçu en montant vers le début de la route de la mort. La perte de puissance du moteur est assez drastique. Andrea a réussi à maintenir une vitesse de pointe de 60 à l’heure. Qui bientôt est devenue, 40, puis 30, puis 20. Puis il a dû courir en poussant dans les montées. Finalement, cela devenait impossible de continuer dans ces conditions. On a essayé le coup du remorquage. Mon moteur, si je sens une perte de puissance sensible, fonctionne encore très bien, je pense grâce au kit Dyno Jet. Mais il était difficile pour Andrea de garder le cap dans le sable, et nous n’avons pas persévérés longtemps dans cette pratique.

Il a décidé de faire du stop. C’est une camionnette délabrée chargée de toute une famille qui c’est finalement arrêté. Son conducteur devait remettre de l’eau dans le radiateur tous les 10 kilomètres, aussi une fois on a eu un arrêt essence, directement du bidon. À chaque fois, il fallait en plus pousser le pick-up pour le redémarrer par faute de batterie. À 4000 mètres, cela essouffle assez vite. Nous avons été déposés à Vila Alota. Brève embrouille quand le chauffeur trouve que l’argent que lui donne Andrea ne couvre pas l’usure subit par son vaillant véhicule lors du transport du KLR. Moi, j’interviens et je demande de l’argent pour mon aide à pousser son épave à chacun des démarrages. Le ton monte un peu, mais finalement, conciliant, je ne lui prends pas d’argent.

Andrea fini par bien vouloir entendre mon idée que nous devrions essayer de nettoyer le filtre à air. Je comprends sa réticence d’un côté. Mon idée de régler la vis de richesse de son carburateur avait été un fiasco total. C’est donc au restaurant du village que nous ouvrons la boite à air. Et derrière le tas de sable que nous vîmes à l’intérieur on pouvait apercevoir le filtre. Après un nettoyage sous l’eau marchante (elle n’était pas vraiment courante, les effets de l’altitude, sans doute!) le 650 respirait enfin un peu mieux. Malgré tout nous décidions d’altérer notre route tant que nous pouvions encore rejoindre la route du nord et son col à seulement 4200 mètres.

Au moins nous avons évités la piste la plus difficile, et comparé aux jours précédents ce fut une partie de plaisir. Il n’y avait que la poussière qui nous gâchait un peu le plaisir. Elle s’infiltre partout, et surtout entre les dents. Les passages les plus sablonneux étaient un peu plus difficiles qu’à l’usage pour moi car je transportais les bagages de mon compagnon de voyage pour soulager son destrier un peu boiteux. Mais nous roulions dans des paysages fantastiques et surréels. Sur ces pistes de sable ne semblant nous mener nulle part, nous nous sentions écrasés. D’infimes fourmis sous les douces formes des pics andins qui culminaient plusieurs milliers de mètres de chaque côté des plateaux que nous parcourions vers une utopique issue. Sous une lumière cruellement aveuglante, et des vents violents, le ciel d’un bleu profond nous écrasait comme un couvercle de fonte.

Nous avons commencés en fin d’après midi une lente descente vers le Chili. La frontière d’Ollagüe est la plus déroutante du voyage. C’est un cimetière de train et un village aux allures fantômes qui sert de passage entre les deux pays. En plus le bureau des douanes était ouvert, mais il n’y avait personne. C’est Andrea qui a réussi à localiser le fonctionnaire de service. Il était chez lui, il ne pouvait pas se déplacer, c’était l’heure des informations. Nous dûmes lui déposer les papiers à son domicile.

Choc du côté chilien. Les gens les plus sympathiques jamais croisés sur une frontière. En civil, aimables, sans sous entendus quant aux frais que nous pourrions avoir à payer discrètement. Le Chili s’annonçait comme un changement radical. En mieux plutôt.

Seul petit problème potentiel, il n’y avait pas d’essence ici. Avec le détour que nous avions fait par la route sud et les efforts erratiques du moteur du Kawasaki qui avait consommé plus qu’à l’ordinaire, nous aurions du mal à nous rendre jusqu'à Chui-Chui qui à parait il de l’essence de contrebande.

Pour nous donner raison, alors qu’il ne nous restait que quelques minutes de jour et que la température n’était déjà plus que de trois degrés et le vent glacial, le moteur d’Andrea c’est arrêté. Panne sèche à 80 kilomètres de la ville la plus proche. Cela nous promettait une nuit intéressante.



Champ de mines??? C'est bon on va rester au milieu du chemin.



Essai de remorquage dans le désert.



La rue principale de Vila Alota. Tranquille comme petite ville.
Ça va aller, fais pas la tête.










Plus d'essence et le nuit tombe.