mardi 26 janvier 2010

Un bon début au chili.


Juste avant la panne d’essence nous étions passés par un campement minier sur le bord de la route. Ils n’avaient pas non plus d’essence, tous leurs engins fonctionnant au diesel. J’ai poussé jusqu’au poste de contrôle policier quelques kilomètres plus loin. Là non plus pas de chance. De retour sur les lieux de la panne je retrouvais Andrea congelé près de sa moto. Nous nous voyions mal planter nos tentes de nuit avec ce vent rageur. Mais le camp de mine était en contrebas, et nous nous laissâmes rouler sur quelques kilomètres, allumant à l’occasion les phares pour apercevoir la route aux endroits les plus sombres.

Le responsable du camp nous reçu avec beaucoup d’égards en homme habitué aux caprices de la nature dans cette région sauvage pour quelqu’un de non préparé. Nous fûmes loger dans un des baraquements pour mineurs et le responsable des logements nous cuisina même d’excellentes pâtes, parfaitement «al dente», pour la plus grande joie d’Andrea. Le ciel nocturne brillait de milliers de feux comme je n’en avais pas vu depuis longtemps. Spectacle que je ne contemplais que quelques minutes, le froid étant plutôt vif.

Au matin, nous avions fait nos calculs. Avec 4 litres Andrea devrait se rendre à Chui-Chui, si son moteur carburait plus normalement et les mineurs nous garantissaient que l’altitude baissait rapidement d’ici quelques kilomètres. Moi, je devais avoir assez dans mon réservoir pour me départir de 4 litres. Je laissais l’honneur à Andrea d’aspirer l’essence en siphonnant ma moto.

Laissant la mine derrière nous nous partîmes à peu près convaincus qu’aucun de nous ne se rendrait à destination, mais c’était rassurant d’être à deux dans cette immensité désertique. On apercevait régulièrement de la route les vestiges décatis d’anciennes villes minières, témoins silencieux peu à peu rongés par les vents du désert d’une richesse souterraine obsolète. Des villes fantômes oubliées de tous pour seules balises nous roulions en essayant de consommer le moins possible.

J’étais en avant quand sur la piste de terre je suis passé sur une plaque de béton de quelques mètres carrés. J’ignore sa fonction, mais je fus surpris par le fait qu’elle était plus élevée que le niveau moyen de la piste de presque 10 centimètres. Le choc fut rude. J’ai pensé que de nouveau ma roue avant était voilée car la moto semblait flotter sur des billes d’acier après ce saut inattendu. À peine trois kilomètres plus loin, quand mon moteur c’est arrêté par manque d’essence nous constatâmes qu’il n’en était rien. La partie arrière de la moto pendait assez lamentablement, retenue par le savant montage de la petite valise arrière inventé par Patrice.

Nous n’avions pas vu une voiture de la matinée et seulement 10 minutes après la panne il en passait justement une. Conduite en plus par un monsieur très sympathique. Chance!

Andrea parti avec nos deux bidons et moi je démontais ma moto pour constater l’ampleur des dégâts. Le cadre avait cassé net à 4 endroits. Six cassures depuis le départ donc, avec celles que j’avais fait ressouder à Quito.

Deux heures plus tard Andrea était de retour, il n’y avait pas d’essence à Chui-Chui, il avait dû aller jusqu’à Calama, pourquoi je ne fus même pas surpris je ne pourrais l’expliquer.

Par curiosité nous ne remplîmes pas tout de suite la KLR. Elle s’arrêtait réservoir sec trois kilomètres plus loin.

Dans Calama nous trouvâmes un soudeur. Seul, je ne serais jamais même rentré dans son atelier en plein air. C’était pas inspirant, et le soudeur non plus. Saoul ou stone, ou plus vraisemblablement les deux, Filemone ne paraissait pas des plus enthousiastes à la vue du travail à accomplir. Il fit néanmoins un superbe travail, et nous offrait même une bière bien fraîche chacun. Le tout pour dix dollars, je ne sais même pas s’il fait du bénéfice avec le nombre de cadavres de bouteilles qui jonchaient le sol et les bancs d’établi de son échoppe.

Nous pûmes nous remettre en route rapidement vers San Pedro De Atacama. Nous avions décidés de faire ce détour car c’est la troisième attraction touristique du pays. Ne demander pas, je ne sais pas quelles sont les deux premières!

Au passage on passait par la vallée de la Lune, qui comme son nom l’indique a servit aux américains à simuler leur passage sur notre satellite naturel en 1969 pour faire croire au monde qu’ils étaient les meilleurs.

San Pedro, 1932 habitants, 4321 touristes (heu! 4323 après notre arrivée) et 600 hôtels trop chers pour nous. Nous nous rabattions sur l’option camping. Après avoir éliminé un bel endroit couvert d’allemands en shorts colorés (à cause du prix pas des allemands!) nous finîmes dans le plus miteux de la ville, poussière gratuite et jeunes drifters écoutant de la musique jusqu’aux petites heures du matin inclus.

Village d’adobe qui à sans doute un certain charme (poussiéreux!), je ne m’extasiais pas sur l’endroit, mais la soupe de lentilles que j’ai mangé ce soir là valait le détour.



Les deux mineurs du dimanche dans leur baraque.





C´est bien de voyager avec un marin, il fait des supers nœuds.







Les toilettes donnent un bonne idée du camping.
La vallée de la Lune.