jeudi 28 janvier 2010

Vive les routes chiliennes.


De San Pedro De Atacama nous plongeâmes vers le sud du pays. Enfin plonger est un bien grand mot, mais on a pas traîné en route. L’Atacama est la région le plus aride du monde. Ça parait. Pas un arbre, pas une touffe d’herbe. Par contre Madame Bachelet ne plaisante pas avec les infrastructures routières. Les routes sont neuves du plus bel asphalte que j’ai vu de ma futile existence. Mais je ne me suis pas tomber en pâmoison pour autant, surtout quand j'ai compris d'où elle tenait ses crédits. Il y a des péages tous les 20 kilomètres. Au bout d'une journée cela fait cher, et surtout c'est la galère. S'arrêter, retirer les gants, chercher si on a le compte exact, mais non bien sur, tendre un billet de mille ou deux milles pesos, recevoir son change en petites pièces bien énervantes, à ranger dans une poche, remettre les gants, retirer les gants car j'ai oublié de fermer mon col de veste, remettre les gants, démarrer. Ça lasse assez vite comme routine.

Le Chili à d’autres surprises en stock. En fait dès que l’on passe Calama vers le sud (où Andrea, échaudé, a acheté un bidon de 10 litres au cas ou!) on a l’impression d’être propulsé dans l’espace. Non, pas vers Mars, mais vers l’Europe. Je retrouve avec une certaine joie des inventions un peu oubliées dans les deux derniers pays traversés. Des panneaux indicateurs (très similaires aux modèles européens), des centres commerciaux, des boutiques diverses, des minijupes et des décolletés vertigineux et, nous le constaterons la nuit tombée, l’éclairage publique. Pas seulement dans les rues, mais aussi sur les routes. Un autre mode, un retour à la civilisation. Autre surprise, les prix sont aussi très civilisés. C'est-à-dire que tout est franchement cher, nourriture, hébergement, essence…

Un peu par hasard nous ne traversâmes pas le désert d’Atacama dans son entièreté, mais en diagonale vers la côte. L’arrivée au milieu de collines dégarnies, nous faisant paraître comme des fourmis (mais des fourmis à moto quand même!) au milieu de mottes de terre sur le bord du pacifique fut assez magique. Le soleil se couchait sur l’océan dans un éclatement de nuances orangées qu’on ne retrouve pas en montagne. La descente le long de la côte jusqu’à Taltal fut un enchantement. Le jour ici se bat pour perdurer un peu plus, sur l’altiplano en cinq minutes on passe du jour à la nuit. Ici c’est en deux heures que petit à petit la nuit prend son tour de garde. Andrea comme moi, pensions à Sebastian, il aurait aimé cette route.

Bonne surprise à Taltal où nous trouvions une charmante auberge. Le Residencial Paranal, est à ne pas manquer si vous êtes dans le coin. Jadil et Ana, les propriétaires ont un sens de l’humour assez remarquable et pour 12$ par personne vous serez loger dans une maison qui fut les bureaux des britanniques qui construirent le chemin de fer en 1821. C’est propre et l’eau chaude y est vraiment chaude, ça a du bon la civilisation.

Situation cocasse le lendemain soir alors que nous ne trouvons pas à nous loger ni à La Serena ni à Coquimbo. Nous avions tous les deux envie de briser la règle numéro un des voyageurs en Amérique du Sud, mais n’osions pas l’avouer. S’il y a un pays sur ce continent où il est possible de le faire c’est bien le Chili. Finalement à demis mots nous nous décidions à conduire de nuit. Il n’y a pas plus de risque ici qu’il y en aurait au Canada. Peut-être même moins, vu qu’il n’y a pas d’orignaux sur les routes. L’éclairage est excellent, les routes meilleures que n’importe où ailleurs et les gens savent conduire. Ils utilisent ce petit gadget que je n’avais pas vu en service depuis les États-Unis, vous savez la lumière orange clignotante qui indique que l’on veut tourner ou changer de voie, très commode! Et en plus ils utilisent l’avertisseur sonore quand c’est nécessaire. C’était une des choses énervantes en Bolivie. On l’entend sans cesse. Le klaxon veut notamment dire :

-Bonjour.

-Attention je passe au rouge (la lumière rouge étant seulement là à titre d’information pour les gens qui ont le temps de marquer un temps d’arrêt).

-Attention, je suis pris d’un coup de folie, je vais m’arrêter au rouge.

-Toi, le motard tes phares sont allumés.

-Je double.

-Double, moi je vais attendre.

-Tiens une fille pas mal sur le trottoir.

-Attention un chien traverse la rue.

-Je n’ai pas klaxonné depuis plus de 29 secondes, alors je klaxonne.

-Pour un bus ou taxi, je m’arrête monter des clients

-Pour un bus ou taxi, je quitte mon arrêt.

Cette liste n’est pas exhaustive, mais couvre les principaux cas de figures de la vie de tous les jours remplie de cette cacophonie inutile.

Quel plaisir de rouler la nuit sur la côte. Avec l’air frais du niveau de la mer les moteurs retrouvaient leur pleine puissance. L’odeur de la mer nous grisait et sans sentir de fatigue (on c’est quand même arrêté pour un thé dans un station service, un autre truc pas possible dans les pays précédents), nous roulions allègres jusqu’à près de deux heures du matin, mettant un bon 910 kilomètres aux compteurs, un record en Amérique du sud.

Le jour suivant nous arrivions à Valparaiso là où nous routes se séparaient, là où je perdais mon autre compagnon de route.







High five avec la plus célèbre des mains de Mario Irarrazabal.