lundi 23 novembre 2009

Les volcans

J’ai fini par arriver à Antigua. Comment y échapper?

Une diffuse dichotomie à l’esprit bien sûr. Si mes problèmes mécaniques, maintenant choses du passé (du moins pour le moment!) ne furent pas mes fourches caudines, comment une ville aussi magique soit-elle pourrait être mon île des Lotophages?

C’est donc bercé entre l’idée de réconfort de retrouver cette ville qui m’avait tant charmée et la crainte mystique de ne pouvoir en repartir que je frappais en fin d’après-midi à la porte d’Olga.

La magie est toujours présente dans l’air, je le remarquais dès mes premiers pas aux alentours, à peine après avoir déchargé la moto.

Il me fallait donc m’activer si je ne voulais pas rester captif de cet envoûtement patent.

Le volcan Pacaya crache un flot continu de lave depuis quatre ans et demi. J’avais bien l’intention de ne pas rater ce spectacle. Malgré mon manque de place dans mes bagages, je me promène toujours avec ma panoplie miniature d’Haroun Tazieff en goguette.

Le vent fort du soir poussait un impressionnant nuage continu de vapeurs sulfureuses en direction du nord. La lave coulait parait-il sur le versant opposé à celui de notre ascension. La montée dans ce paysage stérile ne laisse pas présager un quelconque spectacle hors du commun. Soudain venues du sol, des vagues de chaleur emplissent l’atmosphère, puis s’insinuent par nos chaussures contrastant avec l’air vif de l’altitude. Puis par des lèvres entrouvertes de lave durcie on aperçoit par endroit une lueur orangée de lave en fusion. Bof! C’est tout?

Arrivé au sommet dans les dernières lueurs du jour les silhouettes de randonneurs arrivés plus tôt se découpent sur l’horizon. L’air est distordu par les émanations de chaleur intense s’élevant d’une rivière de lave encore invisible à mes yeux. Mais alors quand enfin on peut le voir, ce flot de matière brûlante, quel spectacle! L’air est à peine respirable tant il est surchauffé. Le magma s’écoule avec un aspect mi-solide mi-liquide d’un orange profond, réponse bouillonnante aux lueurs pâlissantes du soleil couchant. Le refroidissement de l’air noircissant les bords de l’écoulement irréel en créant ainsi son propre lit à la rivière sans cesse changeante. Une odeur de caoutchouc brûlé signale qu’un curieux s’est approché un peu trop près et que ses semelles se liquéfient à leur tour. Un américain qui voulait allumer sa cigarette directement dans la lave. L’avantage des pays comme le Guatemala sans doute. Pas de barrière pour protéger les imbéciles de leur propre bêtise, ni d’avertissement pour les trop intrépides. Sélection naturelle chère à Darwin.

La fameuse arche d'Antigua, et le volcan Agua :

De droite à gauche sur la photo ci dessous, les volcans Agua, Acatenango et Fuego. Le petit nuage au dessus du Fuego, n'est pas un nuage. Le fuego est l'un des 38 volcans actifs du Guatemala, il lâche un nuage de cendres toutes les 20 minutes en moyenne.